L'aéroport londonien d'Heathrow a publié mardi les plans d'une extension colossale au coût faramineux, avec en point d'orgue une troisième piste prévue pour 2026 qui suscite encore la polémique.
Le premier aéroport d'Europe, avec 78 millions de voyageurs par an, a dévoilé les grandes lignes d'un "plan d'ensemble" visant non seulement à le doter d'une troisième piste, mais aussi à améliorer les conditions d'accueil des passagers dans ses terminaux et ses parkings. Son ambition est d'accueillir à terme 130 millions de passagers par an.
La publication de ce projet marque le coup d'envoi d'une vaste consultation de trois mois auprès du public, invité à donner son avis sur les infrastructures prévues et sur les plans pour minimiser l'impact environnemental de cet agrandissement.
Les travaux pour la troisième piste pourraient démarrer en 2021 avec une entrée en service prévue en 2026. Le projet prévoit entre autres la construction d'un tunnel pour faire passer sous cette nouvelle piste la M25, un important axe routier entourant la capitale. Le coût total de cette première phase du "plan d'ensemble" est estimé à 14 milliards de livres (15,7 milliards d'euros).
La seconde phase prévoit d'importants travaux sur les terminaux de l'aéroport et le regroupement de tous les parkings éparpillés autour sur un site de garage géant au sud du site. Un second parking massif pourrait par la suite être bâti au nord de l'aéroport. De nouveaux hôtels et immeubles de bureaux pourraient aussi être édifiés. Prévue jusqu'en 2050, cette seconde phase porterait la facture totale du plan à environ 30 milliards de livres (33,6 milliards d'euros), d'après la BBC.
La somme sera payée par les propriétaires privés de l'aéroport, un consortium comptant entre autres le géant espagnol des transports Ferrovial mais aussi des fonds de pension et d'investissement américain et chinois.
En juin 2018, le gouvernement conservateur du Royaume-Uni a donné son feu vert à la construction d'une troisième piste à Heathrow, un choix approuvé peu après par le Parlement.
Ces décisions ont provisoirement conclu un débat entamé plusieurs décennies auparavant sur l'opportunité d'accroître l'offre aéroportuaire londonienne. La capitale britannique compte cinq aéroports (Heathrow à l'ouest, Gatwick au sud, Stansted et Luton au nord et London City Airport à l'est).
Les opposants à cet agrandissement continuent de se faire entendre toutefois, l'accusant d'être nocif pour la qualité de vie des riverains, d'aggraver les problèmes d'embouteillage dans la capitale et de contribuer au réchauffement climatique.
Le 1er mai, la Haute Cour de justice du Royaume-Uni a rejeté une plainte contre cette extension, déposée par le maire de Londres Sadiq Khan, plusieurs arrondissements de la capitale et l'ONG Greenpeace.
"Nous travaillons à des mesures pour atténuer l'impact", ont expliqué les responsables de Heathrow dans les documents publiés mardi. "De nouveaux lits vont être creusés pour détourner les rivières" de la zone afin d'éviter leur pollution par les travaux et permettre à la faune et à la flore de prospérer, ont-ils ajouté.
Des indemnités sont prévues pour les propriétaires des maisons affectées par les travaux et Heathrow a évoqué aussi des mesures pour réduire les vols pendant la nuit et réduire les émissions sonores.
Le président de l'association No 3rd Runway Coalition, qui s'oppose à la troisième piste, a toutefois fustigé comme "incroyables" les plans présentés mardi. D'après Paul Beckford, Heathrow "veut étaler les problèmes liés à son extension sur une période de 30 ans" et "infliger pendant des décennies aux Londoniens les nuisances des constructions et d'une hausse de la pollution sonore et de l'air".