Presque tous les constructeurs présents cette semaine au salon de l'automobile à Shanghai présentent des véhicules hybrides ou électriques, un marché sur lequel les Chinois veulent devenir leaders mais dont l'avenir dépendra de progrès techniques et d'aides gouvernementales.
Le patron de General Motors pour la Chine, Kevin Wale, relève que "200 millions de Chinois conduisent des scooters électriques et connaissent les limites des batteries, savent les charger pour ne pas tomber en panne".
"Dès que quelqu'un leur fournira le bon véhicule au bon prix, ils vont se convertir" à la voiture électrique, affirme le patron du plus gros constructeur étranger en Chine.
Il se dit également persuadé que "le gouvernement va soutenir la transition" vers les véhicules électriques et hybrides.
Pékin a annoncé l'été dernier que près de 10 milliards d'euros d'investissements seraient consacrés d'ici 2020 par la Chine aux véhicules à énergies nouvelles et "économes". Les détails de ce plan devraient être rendus publics avant la fin juin.
Selon une étude publiée la semaine dernière par le cabinet de recherches Synovate, le public chinois en général se dit à 67% "bien informé sur la technologie des batteries", mais paradoxalement, ce pourcentage chute à 31% chez les acheteurs potentiels de voitures.
Joe Hinrichs, président de Ford pour l'Asie-Pacifique et l'Afrique, pense que "le marché chinois va progresser plus rapidement vers les véhicules à énergies nouvelles que la moyenne des marchés à travers le monde" parce que la Chine dispose de "la mentalité adéquate" en terme de développement d'infrastructures et de la "capacité politique" à impulser des innovations.
GM a ainsi signé lundi une lettre d'intention avec un éco-quartier en construction de la ville de Tianjin pour fournir des voitures électriques fonctionnant en réseau grâce à un système de GPS destiné à éviter les embouteillages, selon un communiqué.
"Nous pensons également que les opportunités pour des véhicules à énergies nouvelles sont probablement plus importantes ici que dans d'autres pays", confirme Ian Robertson, membre du directoire de BMW.
"Ils investissent massivement dans le domaine de l'électrique", constate aussi Grégoire Olivier, directeur pour l'Asie de PSA Peugeot Citroën, en ajoutant que "la Chine a un temps d'avance sur la normalisation" des prises pour recharger les voitures.
Mais la transition ne se fera pas du jour au lendemain, même en Chine, selon M. Hinrichs, de Ford, qui entrevoit une part de marché de 10% à 15% pour les voitures hybrides et électriques en 2020 sur le premier marché automobile mondial.
"Les batteries doivent devenir plus petites et capables de stocker plus d'énergie pour augmenter l'autonomie mais aussi moins chères", note M. Hinrichs.
"Il y a eu beaucoup de bruit autour des véhicules à énergies nouvelles au cours des cinq dernières années mais le développement des batteries n'a pas été à la hauteur des espérances", relève-t-il.
Les constructeurs chinois entendent de leur côté se positionner sur ces technologies nouvelles pour ne pas être à la traîne des Occidentaux, comme sur le développement des moteurs thermiques.
"Nous ne pouvons pas attendre que ces technologies soient complètement matures, sinon nous serons toujours en retard", souligne Chen Hong, président de SAIC Motor, le premier constructeur chinois.
SAIC prévoit de lancer la production en série d'une petite voiture électrique, la Roewe E1, ainsi que d'une voiture hybride, la Roewe 550, durant la deuxième moitié de 2011.
BYD, qui a démarré comme fabricant de batteries au nickel et au lithium-ion, teste actuellement un bus entièrement électrique de 12 mètres de long, baptisé K9, au Danemark.
Selon Paul Lin, porte-parole de BYD, des discussions sont en cours pour des tests similaires aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, à Singapour et à Hong Kong.