Sous la pression des marchés et des agences de notation, Rome met au point un nouveau plan de rigueur pour parvenir à un quasi-équilibre budgétaire en 2014 mais sa tâche ne sera pas aisée en raison des tensions agitant la majorité après les récents revers électoraux.
L'agence Moody's a annoncé vendredi soir qu'elle envisageait d'abaisser la notation de l'Italie en raison de ses doutes sur la capacité du gouvernement à réduire le déficit et des risques pesant sur la croissance, un mois après une décision similaire de Standard and Poor's.
Alors que le marché souffre des incertitudes planant sur le plan d'aide à la Grèce, l'avertissement de Moody's a fait chuter la Bourse de Milan de 2,01% à la clôture.
L'Italie, dont la dette publique est l'une des plus élevées du monde (environ 120% du PIB), est donc désormais sous étroite surveillance des marchés, alors qu'elle avait été relativement préservée jusqu'à présent en raison d'un déficit public inférieur à celui de nombreux pays européens.
Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a d'ailleurs mis en garde samedi contre une propagation de la crise de la dette, notamment à l'Italie.
La menace de dégradation de la notation de l'Italie par Moody's intervient alors que le gouvernement doit présenter fin juin un nouveau plan de rigueur d'environ 40 milliards d'euros portant sur 2013-2014 afin de tenir l'engagement pris vis-à-vis de Bruxelles de parvenir à un quasi-équilibre budgétaire en 2014.
La croissance restant atone dans le pays (0,1% au premier trimestre), l'effort à fournir sera donc plus important que celui exigé dans le cadre de la cure d'austérité impopulaire de 25 milliards adoptée l'an dernier pour les années 2011-2012.
Parmi les hypothèses évoquées dans la presse, le gouvernement envisagerait d'augmenter l'âge de la retraite des femmes dans le privé, de geler le salaire des fonctionnaires, de poursuivre la réduction du train de vie de l'Etat ou de diminuer les dépenses de santé dans les régions les moins vertueuses.
Mais la tâche du ministre de l'Economie Giulio Tremonti, fervent partisan de la rigueur, ne sera pas aisée. "Le contexte ne pourrait pas être plus difficile", estime Marco Valli, économiste de la banque UniCredit.
La majorité de droite est en effet secouée de tensions après avoir subi récemment deux revers lors de municipales partielles et d'un référendum sur le nucléaire, la privatisation de l'eau et l'immunité judiciaire du Cavaliere.
Afin de donner un signal à leur électorat, Silvio Berlusconi et le parti populiste de la Ligue du Nord, allié clé du gouvernement, mettent la pression sur Giulio Tremonti, proche de la Ligue, pour obtenir une baisse des impôts.
"Les gens sont plus importants que le marché", a lancé dimanche le chef de la Ligue, Umberto Bossi, en menaçant le gouvernement de ne plus le soutenir si ses revendications, dont une baisse des impôts, n'étaient pas exaucées.
Après avoir résisté dans un premier temps, M. Tremonti a dévoilé la semaine dernière les grandes lignes de la future réforme fiscale qui passerait par une réduction de l'impôt sur le revenu financée notamment par des coupes claires dans les niches fiscales pour ne pas augmenter le déficit.
Mais Marco Valli insiste sur la nécessité de "donner des objectifs crédibles" aux marchés car "le plus petit signal défavorable suffira" pour que les taux italiens augmentent alors que la péninsule paie déjà 75 milliards d'euros d'intérêts par an.