Le gouvernement grec de coalition va continuer ses laborieuses négociations pour boucler le nouveau paquet d'austérité réclamé par ses prêteurs de l'UE et du FMI, a déclaré mardi soir le Premier ministre grec, Antonis Samaras.
Le dirigeant conservateur s'exprimait à l'issue d'une rencontre avec ses partenaires gouvernementaux, le socialiste Evangélos Vénizélos et Photis Kouvelis du petit parti de gauche modérée Dimar, qui s'est achevée sans accord, chacun des trois protagonistes ayant fait part de la poursuite des négociations en sortant de la réunion.
"Je sais ce qui est en jeu", a souligné M. Samaras dans une brève déclaration télévisée, alors que le temps presse pour la conclusion des négociations entre Athènes et ses bailleurs de fonds. Mais il a souligné son souci de "chercher la plus grande unité possible" sur le nouvel effort que doit livrer le pays.
"Nous négocions durement pour sortir le pays de l'impasse (...) cette négociation continue", a-t-il ajouté, précisant qu'elle portait notamment sur les mesures de dérégulation du marché du travail réclamées par la troïka représentant les créanciers (UE-BCE-FMI).
En la matière "et sur d'autres sujets, nous avons aussi beaucoup modifié les propositions de départ de la troïka", a relevé le chef du gouvernement, qui dirige aussi le parti conservateur Nouvelle Démocratie.
MM. Vénizelos et Kouvelis venaient d'indiquer que les discussions butaient toujours sur ces mesures, auxquelles ils ont réitéré leur opposition.
M. Kouvelis a réaffirmé que ses députés voteraient contre de telles réformes, "mettant à bas ce qui reste des droits des travailleurs", selon lui.
M. Vénizélos a aussi souligné que partenaires et prêteurs devaient garantir une "solution globale et définitive" de la crise grecque de la dette, incluant un règlement du problème de l'endettement à terme du pays et de sa solvabilité.
Il a indiqué avoir demandé à M. Samaras de "contacter dans les prochaines heures" ses homologues en ce sens, pour dégager "un cadre global qui puisse être présenté au Parlement", au delà d'une simple liste de nouvelles mesures d'austérité.
"Les éléments les plus cruciaux et sensibles d'un accord qui doit être global se joueront ces tous prochains jours", a-t-il affirmé.
M. Vénizélos a aussi relevé que "la gestion budgétaire doit rester du ressort des autorités grecques", alors que l'Allemagne promeut à nouveau l'idée de confier à la Commission un droit de veto sur les budgets nationaux des Etats membres.
Les partenaires gouvernementaux travaillent à un accord à trois sur le paquet d'austérité qui doit être soumis au Parlement prochainement pour que la Grèce puisse espérer toucher la prochaine tranche des prêts UE-FMI-BCE.
Le dirigeant socialiste a reconnu parallèlement la nécessité d'un accord rapide avec les bailleurs de fonds internationaux, en faisant dépendre la reprise du versement des prêts consentis au pays, dans l'attente depuis juin d'une tranche de plus de 31 milliards d'euros.
"Nous sommes à un point crucial", avait aussi relevé auprès de l'AFP le porte-parole du gouvernement, Simos Kedikoglou, avant le début de la réunion des trois alliés, se prévalant qu'un "compromis acceptable" soit "en vue".
Athènes et la troïka tentent depuis juillet de boucler ce nouveau plan de redressement comprenant aussi bien de nouvelles baisses de salaires ou des retraites, pour réaliser des économies budgétaires de 13,5 milliards d'euros, que le lancement ou la poursuite de réformes structurelles visant à relancer l'économie asphyxiée du pays.
Si UE et FMI maintenaient la pression en ne versant pas la tranche, la Grèce se retrouverait à sec dès la mi-novembre, devant rembourser le 16 novembre une dette à court terme de 6,6 milliards d'euros, comme l'a rappelé M. Samaras la semaine dernière.
Selon les médias, le gouvernement grec a déjà accepté de réduire les retraites les plus élevées et d'augmenter l'âge de départ à la retraite pour la deuxième fois en deux ans. Mais il rechigne à réduire davantage les effectifs de la fonction publique, à raboter encore le salaire minimum et à assouplir les règles encadrant les licenciements.
En cas d'accord, le texte sera présenté au Parlement pour y être voté le plus rapidement possible. "Le problème, c'est que nous sommes pressés par le temps", a souligné le porte-parole du gouvernement.