Des industriels européens de l'automobile ont prévenu mercredi que la baisse des ventes de véhicules diesel allait compromettre les chances d'atteindre les objectifs d'émissions moyennes de CO2 à l'horizon 2021.
"La dernière génération de véhicules diesel est cruciale dans nos efforts continuels de réduire les émissions de carbone du transport routier", a affirmé le président en exercice de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), Dieter Zetsche, en marge du salon de Francfort.
Cette manifestation se déroule sur fond des conséquences du scandale des moteurs diesel truqués chez Volkswagen (DE:VOWG_p), un des facteurs détournant les consommateurs européens des voitures fonctionnant au gazole.
Les professionnels du secteur prédisent un glissement supplémentaire étant donné les nouvelles normes d'homologation plus dures qui viennent d'entrer en vigueur et vont les contraindre à investir davantage pour lutter contre les émissions nocives des moteurs au gazole, en particulier les oxydes d'azote (NOx).
Or les voitures diesel émettent moins de CO2 que les modèles essence correspondants, le gazole étant plus dense en énergie. Une baisse de la proportion des diesel dans les ventes fait donc mécaniquement augmenter les émissions de CO2 moyennes des gammes.
La plupart des constructeurs se sont lancés dans une électrification de leurs modèles mais les voitures électriques ne représentent encore qu'à peine 1% des ventes en Europe.
"Tant que la part de marché des véhicules électriques n'augmentera pas rapidement, le diesel restera le moyen le plus efficace d'atteindre nos objectifs" de CO2, soit 95 grammes par kilomètre au début de 2021, a affirmé M. Zetsche, par ailleurs patron de Daimler (DE:DAIGn) (Mercedes et Smart).
Son homologue au sein de l'association européenne des équipementiers automobiles, Roberto Vavassori, a quant à lui jugé que ces objectifs n'étaient pas réalistes en l'état.
"Il est à peu près certain que (...) nous n'atteindrons pas les 95 grammes requis", a mis en garde M. Vavassori lors d'une conférence de presse distincte à Francfort.
"Le marché ne va pas dans ce sens pour l'instant", a-t-il affirmé, en appelant aussi les régulateurs à la "neutralité technologique", soit, en creux, à ne pas privilégier à tout prix l'électrique.
"Nous rejetons avec force toute idée d'imposer des quotas obligatoires d'un type particulier de véhicule parce que nous ne pouvons pas contrôler" le comportement des consommateurs, a-t-il ajouté.