Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a demandé au groupe pétrolier public Sonatrach de reprendre l'exploration du gaz de schiste, suspendue après des manifestations d'habitants et de défenseurs de l'environnement, ont rapporté les médias algériens.
"Il est temps que Sonatrach exploite toutes ses énergies au service de l'entreprise et du pays", a déclaré M. Ouyahia lors d'une visite dimanche à la raffinerie d'Arzew (ouest).
Le Premier ministre a notamment "encouragé" les dirigeants du groupe pétrolier détenu à 100% par l'Etat algérien, à "investir dans le domaine du gaz de schiste", selon des images de la télévision nationale.
"Il ne s'agit pas là d'une démarche aventurière, mais d'une option visant à garantir l'avenir en matière énergétique", a expliqué M. Ouyahia.
En 2015, des manifestations d'opposants à l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste s'étaient multipliées à In Salah, localité du Sahara située à 1.500 km au sud d'Alger, où la Sonatrach avait effectué avec succès son premier forage exploratoire fin décembre 2014.
Les habitants craignaient les conséquences sur l'environnement de la méthode d'extraction du gaz de schiste, la fracturation hydraulique.
Ce procédé, qui consiste à créer des fissures et à y infiltrer de grandes quantités d'eau mélangée à des produits chimiques, pour permettre l'extraction de gaz capturé dans la roche, est très controversé.
La fracturation hydraulique a été interdite dans certains pays comme la France. Aux Etats-Unis, grand exploitant des gaz de schiste, l'Agence de protection de l'environnement avait conclu dans un rapport publié fin 2016 que cette méthode d'extraction peut avoir un effet négatif sur la disponibilité et la qualité des ressources en eau.
L’Algérie compte énormément sur ses ressources en gaz de schiste - qui seraient les quatrièmes au monde, selon plusieurs études - pour compenser la baisse des prix des hydrocarbures "classiques", principale ressource du budget de l'Etat.
L'Algérie table sur 31 milliards de dollars (26 milliards d'euros) de recettes provenant de ses ventes d'hydrocarbures en 2017. Avant la chute des cours de l'or noir, ces recettes dépassaient 65 milliards de dollars.
Face à la chute des recettes pétrolières, le pays a été contraint de puiser ces dernières années dans ses réserves de devises, qui ont fondu de moitié en trois ans, et peine à contenir son déficit budgétaire (13,7% du PIB en 2016).