PARIS (Reuters) - Manuel Valls et Jean-Luc Mélenchon se sont livrés ces derniers jours à une violente joute verbale, signe des tensions entre deux fortes personnalités issues du Parti socialiste sur fond d'incertitudes quant à la validité de l'élection de l'ancien Premier ministre comme député de l'Essonne.
Le Conseil constitutionnel doit bientôt se prononcer sur le recours déposé par La France insoumise (LFI) après le second tour des élections législatives du 18 juin qui a vu Manuel Valls être réélu avec seulement 139 voix d'avance sur la candidate LFI, Farida Amrani.
Député apparenté La République en marche (LREM) depuis son départ du Parti socialiste, Manuel Valls a été élu mardi dernier à la tête d'une mission d'information de l'Assemblée sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.
Un choix dénoncé par le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, qui aurait eu ce jour-là avec Manuel Valls une violente altercation parsemée d'insultes émanant des deux hommes, selon un récit publié dans Le Canard enchaîné à paraître mercredi.
Jean-Luc Mélenchon a décidé de quitter la mission Nouvelle-Calédonie, et s'en est expliqué dans un texte adressé au président de l'Assemblée nationale, François de Rugy.
"M. Valls est un personnage extrêmement clivant, qui suscite de forts rejets du fait de sa proximité avec les thèses ethnicistes de l'extrême droite et avec les dirigeants de l'extrême droite israélienne", écrit le député de Marseille.
"OUTRANCIER"
Réponse de Manuel Valls sur Twitter : "Ignoble et outrancier texte de Mélenchon qui, en claquant la porte de la mission Nouvelle-Calédonie, affiche son mépris pour les Calédoniens".
Les deux hommes ont ensuite continué leur joute par médias et réseaux sociaux interposés.
Lundi soir sur CNEWS, Manuel Valls a qualifié Jean-Luc Mélenchon d'homme qui "n'accepte pas le fait démocratique".
"C'est la rue contre le peuple, la rue contre les institutions, la rue contre l'Assemblée nationale", a-t-il dit. "C'est disqualifier une mission, une commission, comme il cherche à disqualifier toutes les institutions de la République."
Lors de l'examen du projet de loi sur la lutte contre le terrorisme fin septembre, Manuel Valls avait accusé LFI de soutenir "l'islamo-gauchisme", déclenchant les applaudissements des députés du Front national et les quolibets d'élus "mélenchonistes".
Isolé depuis son départ du Parti socialiste, Manuel Valls joue en solo une partition consistant à soutenir la politique d'Emmanuel Macron sans être un acteur à part entière du parti présidentiel.
Ancien ministre de François Mitterrand, Jean-Luc Mélenchon a quitté le Parti socialiste en 2008 pour fonder le Parti de gauche. Il s'est présenté au printemps dernier à l'élection présidentielle, où il a recueilli près de 20% des voix au premier tour.
Depuis son élection comme député, il se pose en opposant numéro un à la politique du président Emmanuel Macron.
(Elizabeth Pineau, avec Emile Picy, édité par Yves Clarisse)