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Chômage et formation: les consultations se poursuivent à Matignon

Publié le 15/10/2017 11:38
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez (d) en réunion avec la Premier ministre Edouard Philippe (g), à l'Hôtel Matignon à Paris, le 24 juillet 2017 (Photo bertrand GUAY. AFP)

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez (d) en réunion avec la Premier ministre Edouard Philippe (g), à l'Hôtel Matignon à Paris, le 24 juillet 2017 (Photo bertrand GUAY. AFP)

Après Emmanuel Macron, c'est au tour d'Edouard Philippe de consulter, à partir de mardi, les leaders syndicaux et patronaux sur l'épineuse réforme de l'assurance chômage et de la formation, alors que grandit la grogne syndicale contre la méthode de concertation.

Les leaders des huit principaux partenaires sociaux seront reçus tour à tour par le Premier ministre, accompagné de ses ministres du Travail Muriel Pénicaud et de l'Education Jean-Michel Blanquer. La CFDT, la CGT, FO, la CFTC, Solidaires et le Medef sont invités mardi; la CPME, l'U2P et la CFE-CGC mercredi. Des organisations non représentatives seront également reçues, notamment Solidaires mardi et l'Unsa jeudi.

Ces réunions se dérouleront dans un contexte tendu, alors qu'une troisième journée d'action contre la réforme du Code du travail est prévue jeudi à l'appel de la CGT.

Un troisième round de discussions est prévu du 20 au 25 octobre au ministère du Travail, avant des concertations plus approfondies avec le cabinet de Mme Pénicaud. L'objectif est de transmettre un projet de loi au Parlement en avril et de le faire adopter à l'été.

Cette succession de bilatérales a un air de déjà-vu. La méthode, étrennée pendant l'été pour construire la réforme du Code du travail, est "exactement dupliquée", indique-t-on à l'Elysée, faisant fi des reproches formulés par une partie des syndicats.

Pour la CGT, c'est "de la communication", pas une vraie concertation. "J'ai rappelé au président de la République que se voir c'est bien, discuter ça sert toujours, mais que nous n'avions pas des têtes d'alibis", a déclaré Philippe Martinez après son tête-à-tête avec M. Macron. Il a réclamé des discussions sur la base d'un "texte".

Même opinion à la CFE-CGC, qui estime que l'épisode des ordonnances, décriées par l'ensemble des syndicats, a permis de "mettre en évidence que la méthode de concertation, avec ces bilatérales pendant plusieurs semaines, ne produit pas un résultat partagé, et qu'il y a lieu de changer de méthode", selon son président François Hommeril.

Quand à Laurent Berger (CFDT), il a réclamé, au moins sur l'assurance chômage, que la concertation "démarre, non pas par des bilatérales, mais par une multilatérale", qui permettrait d'effectuer "un diagnostic partagé". Il pense avoir été "entendu" par Emmanuel Macron.

Néanmoins, l'Elysée assurait jeudi que la méthode serait "du bilatéral du sommet à la base".

- Equation financière -

Sur le fond, la réforme à venir est présentée comme le pendant "protection" des ordonnances, qui visaient à donner plus de souplesse aux entreprises. Elle est pourtant source d'inquiétudes pour les partenaires sociaux.

La réforme de l'assurance chômage s'annonce particulièrement périlleuse. C'est le sujet sur lequel "les organisations syndicales ont exprimé le plus de préoccupations", admet-on à l'Elysée. Elles concernent le futur rôle des partenaires sociaux, le financement, le coût de l'extension aux indépendants et aux démissionnaires, l'impact sur les droits des chômeurs actuels.

L'Etat revendique une "présence renforcée", mais "il n'y a pas de souhait de sortir les organisations syndicales et patronales de la gouvernance", assure-t-on à l'Elysée. Mais la "gestion tripartite" qui se profile hérisse la plupart d'entre elles, aujourd'hui aux manettes.

L'extension aux indépendants et aux démissionnaires, potentiellement très onéreuse, est une équation financière à plusieurs inconnues. Les syndicats craignent qu'elle aboutisse, faute de moyens supplémentaires, à une baisse de l'indemnisation, tandis que le patronat craint que les indépendants paient cher leur nouveau filet de sécurité. L'Elysée promet un dispositif "à la fois juste et contrôlable".

Un groupe de travail et une mission des inspections générales des finances et des affaires sociales (IGF-Igas) sont en cours pour défricher ces sujets complexes, en amont de la concertation avec les partenaires sociaux sur le sujet, qui devrait commencer vers la mi-novembre.

D'ici là, les discussions porteront sur l'apprentissage, que le gouvernement veut rendre plus attractif, et sur la formation professionnelle, secteur qu'il veut simplifier et rendre plus efficace, en dopant l'actuel compte personnel de formation (CPF).

Sur ce dernier thème, plusieurs leaders syndicaux et patronaux ont compris de leurs rencontres avec Emmanuel Macron qu'il ferait l'objet d'une négociation entre partenaires sociaux, plutôt qu'une simple concertation.

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