par Gram Slattery
SAO PAULO (Reuters) - Casino, propriétaire du distributeur brésilien GPA, aurait versé des pots-de-vin à l'épouse d'un haut fonctionnaire du gouvernement pour bloquer une transaction mise en oeuvre par un grand actionnaire, suivant un rapport de la police fédérale, dont des médias brésiliens se sont fait l'écho lundi.
Les journaux O Estado de Sao Paulo et Folha de Sao Paulo rapportent que la police prétend que des responsables de Casino ont versé de l'argent à l'épouse du gouverneur de l'Etat de Minas Gerais depuis 2011 en vue d'influencer son époux, qui était alors ministre du Commerce. Il était également question d'influencer l'ex-directeur de la banque de développement nationale BNDES, qui dépend du ministère du Commerce.
A cette époque-là, l'homme d'affaires brésilien Abilio Diniz était l'actionnaire majoritaire de GPA mais il devait céder le contrôle à Casino suivant un accord de dilution précédemment négocié. Avant que la dilution ne se fasse, il avait toutefois commencé à négocier l'acquisition de la filiale locale de Carrefour (PA:CARR) et s'était tourné vers la BNDES pour la financer.
Casino, qui contrôle actuellement GPA, avait fait campagne pour que la BNDES ne délivre pas ce prêt, estimant que par cette acquisition Abilio Diniz ne visait qu'à garder le contrôle de GPA, ce que l'homme d'affaires avait démenti. Le groupe français avait fait valoir qu'une telle acquisition équivaudrait à une rupture de contrat entre Casino et GPA.
La BNDES avait finalement pris le parti de Casino. Abilio Diniz a quitté GPA en 2013 et, après avoir acquis des actions en Europe, est devenu un actionnaire de poids de Carrefour, lui-même présent au Brésil via Grupo Carrefour Brasil.
Selon le rapport de police transmis à la justice, Casino a versé des pots-de-vin de l'ordre de trois millions de réals (794.807 euros), par le biais d'un intermédiaire, à Carolina de Oliveira, épouse de Fernando Pimentel, gouverneur de l'Etat du Minas Gerais. Lorsqu'il était ministre, Fernando Pimentel avait fait pression sur le président de la BNDES Luciano Coutinho pour que la banque ne prête pas, lit-on encore dans le rapport.
Le parquet décidera s'il y a lieu de poursuivre une ou plusieurs parties concernées par cette affaire de corruption présumée.
Casino a déclaré à Reuters qu'il avait coopéré avec les autorités tout au long de l'enquête et il s'est dit étonné par leurs "conclusions erronées".
La police fédérale brésilienne et la BNDES se sont abstenues de tout commentaire.
Dans des déclarations publiées par le journal Estado do Sao Paulo, Fernando Pimentel, Carolina de Oliveira et Luciano Coutinho nient la moindre malversation et affirment que le refus de prêt de la BNDES s'est fait par la voie normale.
Carolina de Oliveira et Luciano Coutinho n'étaient pas joignables dans l'immédiat. Un porte-parole de Fernando Pimentel a dit que diverses enquêtes menées contre ce dernier avaient été classées sans suite par manque de preuves et que les dernières accusations se fondaient sur des "déductions et des conjectures".
(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Cyril Altmeyer)