PARIS (Reuters) - Favorable à un renouvellement pour trois ans de l'autorisation du glyphosate, la France est prête à accepter une durée de quatre ans pour permettre un consensus européen, a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement.
Christophe Castaner a précisé lors du compte rendu du conseil des ministres que cette durée de quatre ans semblait désormais être celle visée par la Commission européenne pour sortir les discussions de l'impasse.
La licence d'utilisation de cet herbicide de Monsanto (NYSE:MON), très utilisé dans l'agriculture et le jardinage et jugé cancérigène par ses adversaires, expire à la fin de l'année. Cette situation a engendré, notamment en France, des tensions entre ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie.
Mercredi, les Etats européens ont une nouvelle fois reporté leur décision sur le renouvellement de la licence.
Une nouvelle réunion du comité des Vingt-Huit chargé de se prononcer aura lieu à une date ultérieure qui n'a pas été précisée par la Commission.
L'exécutif européen avait proposé d'autoriser à nouveau le glyphosate pour dix ans, avant de proposer cinq à sept ans et désormais, selon Christophe Castaner, quatre ans.
Pour être validée, la proposition de la Commission doit recueillir le soutien de 16 des 28 Etats membres, représentant au moins 65% de la population de l'UE.
Dans une résolution non contraignante adoptée mardi, le Parlement européen s'est prononcé pour un renouvellement de l'autorisation de l'herbicide pour cinq ans.
Le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Travert, qui souhaite tenir compte des doléances d'agriculteurs estimant qu'il n'y a pour l'heure pas d'alternative au glyphosate, avait récemment évoqué une durée de cinq à sept ans.
Mais le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a proposé lundi un renouvellement limité à trois ans. Le temps, a-t-il expliqué sur RTL, de "regarder tout ce que l'on peut trouver en termes d'alternative et aider ceux pour lesquels l'utilisation du glyphosate est indispensable à se pencher sur d'autres pratiques".
Le glyphosate, qui entre dans la composition du RoundUp de Monsanto, fait l'objet d'un débat d'experts depuis que le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), qui dépend de l'Organisation mondiale de la Santé, l'a classé comme probablement cancérigène en mars 2015.
Incapable de parvenir à un consensus, l'UE avait déjà reporté de 18 mois en juin 2016 le renouvellement de la licence dans l'attente de nouvelles études scientifiques.
En mars, l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a estimé que le glyphosate ne pouvait être classé comme substance cancérigène, rejoignant en cela les conclusions d'agences de régulation de pays comme le Canada ou le Japon.
(Jean-Baptiste Vey et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)