Donald Trump présente lundi son plan pour rénover les infrastructures américaines vieillissantes en utilisant notamment des ressources financières que les Etats-Unis consacraient jusqu'à maintenant à la coopération internationale, au Moyen-Orient entre autres.
"Cela va être une grande semaine pour les infrastructures. Après avoir bêtement dépensé 7.000 milliards de dollars au Moyen Orient, il est maintenant temps d'investir dans notre pays", a affirmé le président républicain dans un tweet lundi.
L'administration Trump doit esquisser les grandes lignes de son plan d'investissement de 1.500 milliards de dollars sur dix ans en faveur des infrastructures dont un grand nombre, en piteux état, a un besoin urgent d'être rénové.
Mais alors que l'Etat fédéral devrait consacrer 200 milliards de dollars sur la décennie pour améliorer routes, autoroutes, ponts et même construire des réseaux numériques à large bande, la question est de savoir comment les Etats, les collectivités locales et le secteur privé vont être incités à apporter le reste des financements.
Cette approche est exactement l'inverse de la façon dont les autoroutes ont été financées sur plusieurs décennies. Le pouvoir fédéral apportait 80% des moyens et les Etats et collectivités locales fournissaient le reste.
Une des façons pour l'administration d'encourager l'investissement local est d'alléger les régulations et procédures de permis de construire pour les réduire à deux ans alors qu'elles peuvent en prendre aujourd'hui jusqu'à dix.
"Le plan du président va éliminer les barrières qui empêchent les projets d'infrastructures d'être développés et gérés efficacement", indique la Maison Blanche.
- Décrépitude -
Construites pour la plupart entre les années 1950 et 1970, les autoroutes, routes, ponts, voies ferrées, aéroports et autres infrastructures sont en très mauvais état, "en décrépitude" aux dires même du président américain, faute d'avoir été entretenues et modernisées au fil du temps.
"Les infrastructures sont de toute évidence une composante essentielle du fonctionnement de notre économie, le succès américain est pour une grande part le résultat d'infrastructures de qualité que nous avions historiquement", a affirmé ce week-end un responsable de la Maison Blanche.
Jusqu'à 60.000 ponts présentent actuellement un danger structurel, rappelait lundi sur la radio publique NPR, Ray LaHood, un républicain, ancien secrétaire aux transports du président Obama. Il affirme que les Etats-Unis qui pendant un temps étaient au premier rang mondial en termes d'infrastructures sont tombés désormais à la 28e place.
Cet ancien ministre doute toutefois que le plan de la Maison Blanche, qui doit encore recevoir l'aval du Congrès, ne parvienne à relancer la rénovation des infrastructures: "une des raisons pour laquelle l'Europe et l'Asie ont un bon système de chemin de fer, c'est parce que le gouvernement s'engage", a-t-il affirmé.
Plusieurs Etats commencent à évoquer la nécessité d'imposer sur les routes des péages à tour de bras, avec le risque d'impopularité que cela comporte. C'est une façon de générer un budget dévolu aux transports qui puisse venir compléter l'apport promis par l'administration Trump.
En Virginie, dans la banlieue de la capitale Washington DC, un nouveau système de péage électronique dont les prix évoluent avec l'ampleur du trafic, a vu les tarifs grimper à plus de 40 dollars pour un trajet d'une quinzaine de kilomètres aux heures de pointe.
Devant la levée de boucliers, des mesures sont en discussion pour limiter à 200 dollars par mois le coût de ces péages pour chaque conducteur.
Une autre incitation du plan Trump vise à fournir un quart des financements (50 milliards de dollars) d'abord à des projets ruraux dont le choix reviendra aux gouverneurs.
"Cela donnera aux Etats la flexibilité nécessaire pour mettre la priorité sur ce dont ont besoin leurs communautés", affirme encore le projet de la Maison Blanche.
L'allusion du président Trump, dans son tweet, à couper l'aide internationale au profit des investissements dans les routes et les ponts américains rappelle les souhaits de certains élus comme le sénateur Rand Paul qui avait récemment suggéré de réduire l'aide au Pakistan pour financer les infrastructures.
Ce plan fait partie d'un projet de budget 2019 que la Maison Blanche soumet au Congrès lundi, qui comprend aussi la construction du mur anti-immigration et le projet de privatiser d'ici 2024 la Station spatiale internationale (ISS).