Sébastien Bazin, patron de la branche européenne du fonds Colony Capital et membre du triumvirat à la tête d'Accor depuis avril, est sur la rampe pour succéder mardi à Denis Hennequin comme PDG du leader européen et numéro six mondial de l'hôtellerie.
M. Bazin, 51 ans, faisait déjà partie d'un triumvirat intérimaire en place à la tête d'Accor, depuis l'éviction brutale en avril de Denis Hennequin. Ce dernier, ancien patron de McDonald's en Europe, avait été poussé sans ménagement vers la sortie à deux jours de l'assemblée générale annuelle.
Cette annonce surprise intervenue le 23 avril avait créé de vives turbulences, laissant les petits actionnaires comme les représentants des salariés désemparés.
Le conseil d'administration, dominé par Eurazeo et Colony, avait alors demandé que "les énergies et les ressources soient en priorité allouées à la transformation du modèle de Accor". En d'autres termes, à l'accélération de la vente des murs des hôtels du groupe.
Selon une source proche du dossier confirmant une information du Point, Sébastien Bazin, va être "proposé mardi au conseil d'administration" d'Accor "comme nouveau PDG" du groupe.
Selon le Point, l'aval du conseil n'est plus qu'"une simple formalité", alors que le numéro un de l'hôtellerie en Europe se cherche un nouveau patron depuis le départ M. Hennequin pour "divergence stratégique".
L'arrivée de M. Bazin, roi de l'immobilier, aux commandes d'Accor, constituerait le troisième changement de management en huit ans.
Sollicité par l'AFP, Accor s'est retranché lundi soir derrière un laconique "pas de commentaires".
Si elle est effectivement avalisée, la nomination de M. Bazin, dont le nom n'avait pas été cité jusqu'ici, constituerait une surprise, tout comme l'arrivée du patron d'un fonds actionnaire minoritaire à la tête d'un groupe du CAC 40.
Sébastien Bazin est aussi connu pour avoir été brièvement président du Paris Saint Germain, le club de football passé depuis sous pavillon qatari. Le fonds Colony Capital détient également des parts dans Carrefour.
Plusieurs noms avaient circulé ces dernières semaines dans la presse pour succéder à Denis Hennequin, notamment ceux de Yann Caillère, directeur général en intérim depuis avril, du président de Canal+ Bertrand Méheut, de Sven Boinet (Pierre&Vacances) ou encore d'un conseiller à Bercy et ancien d'Accor, André Martinez.
Denis Hennequin était arrivé à la tête d'Accor il y a un peu plus de deux ans. Il a mis en oeuvre une stratégie de cession d'actifs jugée trop lente et un plan de départs "trop généreux". Mais il a aussi fait les frais de la mollesse du cours de Bourse qui, en dépit de sa petite hausse depuis un an (+6,31%), n'a toujours pas rattrapé son niveau d'il y a trois ans (-13,50%).
Le président d'Eurazeo, Patrick Sayer, estimait il y a un an "qu'Accor (était) sans doute la société la plus mal valorisée du secteur hôtelier" parce que son important patrimoine était mal pris en compte dans le cours de Bourse.
En février, le groupe s'est fixé pour objectif de réduire la part de ses hôtels possédés en propre à 20% de son parc pour dégager les liquidités.
Mais cet engagement n'a semble-t-il pas été suffisant aux yeux de Colony et d'Eurazeo, qui avaient souhaité qu'Accor créé une société foncière séparée afin de "mieux identifier la partie immobilière de la partie opérationnelle" pour "gagner en efficacité".
En interne, un plan de 172 départs volontaires court jusqu'à fin septembre.
Eurazeo et Colony Capital détiennent ensemble 27,51% des droits de vote au sein d'Accor.
Le groupe hôtelier, dans le rouge l'an dernier avec une perte nette de 599 millions d'euros en 2012, publie mercredi ses résultats pour le 1er semestre 2013. Son chiffre d'affaires sur la période, dévoilé mi-juillet, s'est inscrit en baisse de 0,9%.