Airbus (PA:AIR) et Boeing (NYSE:BA) ont poursuivi leur moisson de commandes au troisième jour du salon du Bourget mercredi, et lorgnent aussi sur le juteux marché des services et la maintenance comme relais de croissance.
Boeing a ouvert le bal avec la finalisation d'une commande de trois 787 "Dreamliner" par la compagnie israélienne El Al pour un montant de 729 millions de dollars au prix catalogue.
L'avionneur américain a également signé un protocole d'accord avec la compagnie de location d'avions Air Lease Corporation pour 12 moyen-courrier 737 MAX-7 et -8, les deux plus petites versions du mono-couloir rival de l'A320 d'Airbus. Au prix catalogue, cette commande s'élève à 1,25 milliard de dollars.
De son côté, Airbus a fait rentrer pour près 1,5 milliard de dollars de commandes fermes, grâce à dix A321 pour la compagnie low-cost Wizz Air et deux long-courriers A330-200 destinés au loueur portugais Hi Fly.
Au-delà des commandes d'avions, les grands avionneurs lorgnent sur le marché de la maintenance et des services comme relais de croissance de leur activité, alors que la flotte d'avions en service dans le monde va doubler d'ici à 2036, selon leurs estimations.
Boeing a ainsi évalué à 2.600 milliards de dollars le marché des services aéronautiques dans le monde au cours des dix prochaines années, principalement porté par les pays matures, mais aussi par l'Asie où la demande d'avions neufs explose.
Le géant de l'aéronautique prédit que ce marché, qui concerne la maintenance, les services d'ingénierie et de traitement des données d'information, représentera 8.500 milliards de dollars entre 2017 et 2036.
Ces services accompagnent la forte croissance du trafic aérien dans le monde et le besoin d'avions neufs qui en découle, évalué par Boeing à 41.030 appareils d'ici 20 ans pour un montant de 6.050 milliards de dollars.
- Boîtes noires éjectables -
"Les perspectives montrent l'énorme potentiel de croissance dans les marchés des services aéronautiques servis par Boeing", indique l'avionneur de Seattle.
"Les clients (civils et militaires) comptent sur la technologie et les données pour prendre des décisions commerciales plus intelligentes et améliorer l'expérience passagers", ajoute-t-il.
Boeing s'est doté fin 2016 d'une troisième division consacrée aux services, aux côtés de ses piliers dans l'aviation commerciale et dans la défense et l'espace. Cette nouvelle branche sera opérationnelle au 1er juillet.
"Il est clair que nos clients, dans le secteur commercial et gouvernemental, sont à la recherche de manières plus efficaces pour disposer de flottes opérationnelles et disponibles dans une ère d'avancées technologiques rapides", a déclaré Stan Deal, le patron de Boeing Global Services.
Le géant de l'aéronautique, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 95 milliards de dollars en 2016, a une part de marché de 50% dans le civil et le militaire, mais de seulement 7 à 9% dans les services.
De son côté, Airbus a estimé que le marché des services atteindrait au cours des 20 prochaines années 3.200 milliards de dollars dont 1.850 pour le seul marché de la maintenance.
Par ailleurs, l'avionneur européen va installer à partir de 2019 de nouvelles boîtes noires sur les avions de sa gamme long-courrier, dont une sera "déployable" afin de flotter à la surface de l'eau en cas de disparition d'un appareil en mer.
Chaque avion sera équipé de deux enregistreurs, contenant les mêmes données, l'un restant fixe à l'avant de l'appareil, le second étant déployable et installé sur la queue de l'appareil.
En cas de crash en plein mer, le signal pourra être détecté "plus facilement dans la mesure où l'une des deux boîtes restera à la surface de l'eau", a expliqué Charles Champion, responsable ingénierie de la division aviation commerciale d'Airbus.
Grâce aux boîtes noires, près de 90% des accidents aériens peuvent être expliqués.
Après le président de la République lundi, Le Bourget a reçu mercredi sous une chaleur toujours écrasante le ministre de l'Economie Bruno Le Maire qui a dit son "plein soutien" à la filière aéronautique et spatiale française, promettant de renforcer les aides à l'innovation pour un secteur qui représente, a-t-il souligné, "au moins 200.000 emplois directs" dans le pays.