par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Le bourbon américain devrait signer la plus forte croissance du marché mondial des spiritueux d'ici à 2020, devant la tequila, le cognac et le scotch whisky, selon la dernière étude réalisée par l'institut IWSR (International Wine & Spirit Research) pour le salon Vinexpo.
Si la vodka reste de loin l'alcool de marque dite "internationale" le plus vendu dans le monde, avec 459 millions de caisses de 9 litres écoulées en 2016, ses ventes régressent, sous l'effet notamment de la crise en Russie et en Ukraine, et devraient encore reculer de 4,3% entre 2016 et 2020.
A l'inverse, celles beaucoup plus modestes du bourbon (41 millions de caisses vendues l'an dernier) sont promises à un bel avenir et devraient grimper de 14% sur la période.
"Le bourbon américain est porté par un effet de mode très important, aux Etats-Unis ou en Europe, lié aux jeunes générations et à la vogue des distilleries artisanales", a déclaré à Reuters Guillaume Deglise, directeur général de Vinexpo, salon international du vin qui se tiendra du 18 au 21 juin à Bordeaux.
Les "millenials" ont tendance à se détourner des grandes marques et sont séduits par ces produits issus de petites unités, souvent aromatisés à la cannelle ou à la vanille.
"Les taux de croissance du bourbon sont même supérieurs, au Royaume-Uni, à ceux du scotch", remarque Guillaume Deglise.
Certains grands groupes de spiritueux ont d'ailleurs racheté des marques artisanales, comme Pernod Ricard (PA:PERP) qui a pris fin 2016 une participation majoritaire dans la société Smooth Ambler qui élabore le bourbon Old Scout.
Le cognac, dont les ventes redémarrent en Chine après trois ans de baisse et s'accélèrent aux Etats-Unis, devrait quant à lui progresser de 11,9% (en volume) entre 2016 et 2010.
DÉMOCRATISATION DU VIN EN CHINE
En matière de vin, les Etats-Unis, devenus en 2014 les premiers consommateurs au monde (341,5 millions de caisses) devant la France, devraient creuser l'écart avec une progression attendue de 4,9%, la consommation par habitant y demeurant encore faible.
Par ailleurs, la montée en puissance de la Chine devrait se confirmer avec une croissance de la consommation de quelque 40% en valeur, hissant le pays de la quatrième à la deuxième place des pays consommateurs (en valeur) d'ici à 2020, devant le Royaume-Uni et la France.
Avec la disparition des cadeaux d'affaires, liée aux mesures anti-corruption du gouvernement de Pékin, le marché chinois est maintenant tiré par "une vraie consommation, qui s'étend à une classe moyenne en pleine expansion", a souligné Guillaume Deglise.
Le marché se démocratise, avec notamment l'explosion de la distribution en ligne dans les villes de taille moyenne, et profite surtout aux vins de gamme moyenne, a-t-il ajouté.
Il bénéficie également d'un intérêt accru des jeunes générations et des femmes souhaitant se détourner des boissons plus riches en alcool comme le baiju, premier alcool vendu dans le pays.
A l'inverse, la consommation devrait poursuivre son recul en Europe du Sud ainsi qu'en France (-5,8% en volume et -1,9% en valeur), plombée par un contexte morose et des changements de mode de consommation.
Sur le marché des vins effervescents en plein essor (+7,1% en volume en 2016 alors que le marché mondial du vin a reculé de 1,2%), la marginalisation des volumes de champagne liée à l'expansion du prosecco italien va encore s'amplifier.
Le succès du vin effervescent italien, devenu le produit phare de sa catégorie, ne se dément pas, notamment en Italie, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en France, et ses ventes sont attendues en hausse de 13,6% d'ici à 2020.
"Le prosecco est devenu un produit festif qu'on peut consommer tout le temps compte tenu de son faible prix", remarque Guillaume Deglise, pour qui ce vin a aussi su jouer la carte de la séduction italienne.
(Edité par Dominique Rodriguez)