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Culture émergente, le soja français sort de terre

Publié le 28/11/2016 12:28
Les surfaces en soja ont fortement progressé en France en 2016 (Photo NORBERTO DUARTE. AFP)
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Les surfaces en soja ont fortement progressé en France en 2016 (Photo NORBERTO DUARTE. AFP)

Une petite fleur violette au sommet d'une pousse de haricots: entre les traditionnels champs de blé et de maïs, le soja français sans OGM tente de se frayer un avenir.

En France, "les surfaces en soja ont fortement progressé pour passer de 90.000 hectares en 2015 à 144.000 hectares en 2016", selon Thibaut Ledermann, porte-parole de la FOP (Fédération française des producteurs d'oléagineux et de protéagineux).

Cela reste une graine de légumineuse dans l'océan des 2,4 millions d'hectares d'oléoprotéagineux (colza, tournesol, pois...) cultivés en France. Mais, entre sa forte valeur ajoutée dans l'alimentation humaine et les démarches de valorisation de viandes et fromages sans OGM, les axes de développement ne manquent pas.

Ainsi, la coopérative Euralis, qui compte 12.000 adhérents, a passé l'an dernier un accord avec le groupe de distribution Carrefour (PA:CARR) qui demandait des viandes de porcs nourris avec des protéines françaises pour lesquelles existe une véritable traçabilité.

"Cet accord a abouti au projet de création d'une unité de transformation de soja produit par nos adhérents, (...) qui verra le jour à la fin du printemps 2017" dans les Hautes-Pyrénées, explique Eric Robert, directeur des marchés agricoles d'Euralis. La coopérative a créé dans ce but Sojalim, une coentreprise avec le groupe Avril.

Mais si le soja se développe, même doucement, c'est aussi le résultat d'incitations européenne et gouvernementale.

La réforme de la Politique agricole commune (PAC) favorise notamment la diversité des assolements pour éviter l'appauvrissement des terres. L'Etat français s'est également engagé, avec des industriels, dans un plan "pour faire de la France un leader mondial des protéines".

Deux grands bassins de production dominent actuellement la production de soja français, le Sud-Ouest et l'Est, notamment le Nord de la Bourgogne. Et d'autres régions s'essayent à cette culture, comme les Hauts-de-France, "avec des variétés un peu plus précoces", selon M. Ledermann.

Outre son apport protéinique très intéressant, cette légumineuse qui capte l'azote de l'air et le réintroduit dans la terre a donc besoin de moins d'engrais que d'autres cultures et limite également l'apport d'intrants pour la culture qui lui succède.

Par ailleurs, le soja "consomme moins d'eau que certaines cultures, à l'hectare", notamment le maïs, souligne Gérard Tubéry, qui cultive entre autres du soja dans son exploitation de Castelnaudary, dans l'Aude, "capitale mondiale du cassoulet", comme il aime à le rappeler.

- Objectif: 250.000 hectares -

Mais les cultivateurs de soja ne sont pas seulement soucieux de protéger l'environnement: "il y a une baisse du prix des céréales et la remontée relative des cours des oléoprotéagineux fait que les agriculteurs s'intéressent à cette culture", note M. Tubéry.

Parmi les deux débouchés du soja, l'alimentation humaine présente la meilleure valorisation et connaît une croissance régulière, mais "le principal marché c'est l'alimentation animale et nous pensons que c'est celui qui va se développer de façon importante", explique Gérard Tubéry.

"L'objectif qu'on s'est fixé, politiquement, c'est de remplacer le soja non-OGM importé, qui représente l'équivalent de 250.000 hectares", déclare-t-il.

Principal obstacle à ce voeu, la filière n'est pas encore "mûre" en termes de compétitivité, selon Thibaut Ledermann, qui espère que les aides seront "pérennisées".

Gautier Le Molgat, analyste au cabinet Agritel, souligne que, compte tenu de sa latitude, la France "ne sera jamais le Mato Grosso européen", en référence aux énormes volumes de soja produits dans cette partie du Brésil. Mais il relève qu'"il y a des endroits où les rendements ne sont pas mal".

Gérard Tubéry fonde toutefois de gros espoirs sur un accord interprofessionnel, qui doit être présenté lors du prochain salon de l'Agriculture.

Ce texte doit permettre de "mettre en place une cotisation pour financer la recherche", selon M. Tubéry, qui espère ainsi voir la création de nouvelles variétés et permettre au soja de "quitter les régions traditionnelles" de culture et conquérir de nouveaux territoires en France.

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