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Dans un Venezuela en crise, l'élevage se transforme en une activité à risques

Publié le 12/12/2018 07:47
Mis à jour le 12/12/2018 10:17
Une peau de vache en décomposition sur une route près de San Silvestre, au Venezuela, le 28 novembre 2018 (Photo Federico PARRA. AFP)

Une peau de vache en décomposition sur une route près de San Silvestre, au Venezuela, le 28 novembre 2018 (Photo Federico PARRA. AFP)

Une peau de vache en décomposition sur une route près de San Silvestre, au Venezuela, le 28 novembre 2018 (Photo Federico PARRA. AFP)

Des peaux en état de décomposition sur la route, c'est tout ce qui reste de trois vaches volées et dépecées. Dans les Llanos, une région traditionnelle d'élevage au Venezuela, les vols, les occupations et les expropriations mettent en péril la production bovine.

En voyant les lambeaux de peaux jetés sur la route menant à sa ferme laitière de San Silvestre, dans l'ouest de l'état de Barinas (nord-ouest), José Labrador arrête son camion et explose de rage. "C'est comme s'ils nous disaient : +Nous tuons du bétail, et alors ?+, enrage ce propriétaire d'un ranch de 46 ans, qui s'indigne contre l'impunité dont bénéficient selon lui les voleurs de bétail.

Selon la Fédération nationale de l'élevage (Fedenaga), la production de viande au Venezuela a chuté à cause des attaques contre les cheptels et couvre désormais à peine 40% de la consommation domestique, contre 97% il y a deux décennies.

José Antonio Espinoza, un autre fermier de San Silvestre, ne cache pas sa peur. "Je ne peux plus dormir dans ma ferme", explique à l'AFP cet éleveur dont la famille se consacre à la production bovine depuis six générations.

Sur ses terres, 600 têtes de bétail paissent, surveillées par des hommes à cheval. En un an, 74 taureaux ont été volés. Au loin, un vol de vautours signale un nouveau massacre: ne gisent plus sur place que des os et des peaux; la viande est vraisemblablement déjà en route pour le marché noir, qui a prospéré avec les pénuries alimentaires.

- Diminution des troupeaux -

L'image de carte postale de grands troupeaux dans les vastes plaines herbeuses du Venezuela semble désormais révolue tant le cheptel s'est réduit.

Le pays de 30 millions d'habitants ne compte plus que 10 millions de têtes de bétail, alors que le ratio était de 14 millions de bêtes pour 20 millions d'habitants en 1999.

Cette diminution a renchéri le prix de la viande dans les villes comme Caracas, située à 560 km de Barinas, où le salaire minimum mensuel suffit à peine à acheter un peu plus de deux kilos de viande.

Les propriétaires sont désespérés: les voleurs tuent indistinctement des taureaux reproducteurs et des vaches laitières, lesquelles peuvent produire pendant quinze ans 4.000 litres de lait annuels.

"On m'a tué un taureau qui avait un potentiel génétique incroyable et qui allait être un super reproducteur...", se lamente José Labrador.

- Fermes occupées et faillites -

Parallèlement, les occupations de fermes se multiplient.

En février 2016, une vingtaine de bandits ont investi et pillé pendant trois jours une ferme de production de maïs bien connue de San Silvestre.

"Ils ont volé des tracteurs tout neufs et trois moissonneuses-batteuses, et ont détruit l'habitation (...) Nous n'avons pas cessé d'alerter les gendarmes et la police, mais ils ne sont pas intervenus", explique la propriétaire Marisela Febres.

Elle n'a jamais pu récupérer ses terres. Arguant qu'elles étaient inutilisées, l'Institut national des terres (INTI), géré par l'État, les a attribuées cette année à leurs occupants.

Depuis l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez (1999-2013), cinq millions d'hectares de terres agricoles, dédiées à la culture ou à l'élevage, ont été retirées à leurs propriétaires par le gouvernement socialiste, selon la Fedenega.

De plus, les prix fixés par le gouvernement pour les aliments de base sont souvent en-dessous des coûts de production, ce qui a entraîné la faillite de nombreuses exploitations.

"Ceux qui restent à la campagne travaillent d'arrache-pied", raconte à l'AFP le président de la Fedenaga, Armando Chacin.

A la porte de l'abattoir, un kilo de viande est vendu l'équivalent de 45 centimes d'euros. Un bon animal, dont la gestation, l'élevage et l'engraissement durent quatre ans, rapporte 220 euros... ce qui couvre à peine le prix d'un pneu de camionnette, dans un pays où l'inflation devrait atteindre 10.000.000% en 2019, selon le FMI.

- Ail et huile -

Et pour l'élevage de leurs bêtes, les producteurs manquent de tout: semences, fertilisants pour faire pousser du fourrage, vaccins... "Il n'y a déjà pas de médicaments pour les gens, alors vous imaginez pour les animaux", dit José Labrador.

Du coup, les fermiers recourent aux méthodes traditionnelles. Ils soignent par exemple les infections des mamelles grâce à un mélage d'ail et d'huile.

La consommation de viande dans le pays a été divisée par trois, chutant de 20 kg par personne et par an en 1999 à 7 kg actuellement, selon la Fedenaga. Et même ainsi, l'offre ne suffit plus.

Armando Chacin estime que les politiques mises en oeuvre par le gouvernement aggravent les problèmes plutôt qu'elles n'aident à les résoudre. Le 30 novembre, le gouvernement a fait occuper une vingtaine d'abattoirs, accusant leurs propriétaires de spéculation. Il a également décidé de faire baisser les prix de la viande d'un tiers.

De telles initiatives ont provoqué un désastre économique dans le secteur. Un immense abattoir de Barinas qui tuait 3.000 têtes de bétail par jour lorsque ses propriétaires ont été expropriés en 2007 n'en tue plus que 200 aujourd'hui. Des cas ont été rapportés de gouverneurs favorables au pouvoir qui ont exigé que les agriculteurs leur vendent une partie de la production, en fixant les prix, afin de la distribuer ensuite à bas prix.

Certains éleveurs n'arrivent plus aujourd'hui à vendre leur bétail dans les Etats de Barinas ou de Zulia où il était engraissé avant d'être tué. La chaîne de production a été rompue.

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