PARIS (Reuters) - Le Premier ministre Edouard Philippe a appelé jeudi François Hollande à faire preuve d'"humilité" après la mise en garde lancée lundi à Séoul par l'ancien chef de l'Etat contre la politique fiscale du gouvernement.
"J'ai observé qu'il formulait des critiques acerbes et acides sur la politique française depuis l'étranger", a dit le chef du gouvernement sur Public Sénat. "Si M. Hollande voulait être critique sur la fiscalité, sur les mesures qui sont prises par ce gouvernement, il aurait pu peut-être faire preuve d'une forme d'humilité."
Le Premier ministre a pris pour exemple l'invalidation par le Conseil constitutionnel de la taxe à 3% sur les dividendes instaurée en 2012, qui va - selon le gouvernement - contraindre l'Etat à rembourser 10 milliards d'euros aux entreprises.
"J'aimerais que ceux qui aujourd'hui, à 10.000 km, alors qu'ils ne se sont pas présentés aux élections pour défendre leur bilan, commentent de façon acide et acerbe ce que nous faisons aujourd'hui pour réparer le pays prennent une certaine forme d'humilité sur ce qu'ils ont fait hier, sur les responsabilités qu'ils ont dans les dérèglements de l'économie française", a dit Edouard Philippe.
François Hollande, qui s'était jusque-là montré plutôt discret, a profité de son premier déplacement à l'étranger depuis son départ de l'Elysée, lundi à Séoul, pour répondre aux critiques formulées par son successeur et ancien conseiller sur TF1 (PA:TFFP) dimanche soir.
Emmanuel Macron avait notamment tancé l'engagement de son "prédécesseur" à "inverser" la courbe du chômage et l'avait accusé d'avoir fait partir "les gens qui réussissaient" en augmentant l'impôt sur la fortune (ISF) et en créant une taxe de 75% sur les hauts revenus.
LES HOLLANDAIS DÉFENDENT LEUR BILAN
Stéphane Le Foll, ancien porte parole du gouvernement et proche de François Hollande, a déploré sur LCI que les "décisions difficiles" prises depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron étaient à chaque fois "liées à ce qu'ils ont trouvé en arrivant".
De son côté, Bernard Cazeneuve, dernier Premier ministre de François Hollande, a appelé le chef de l'Etat à ne pas faire preuve "d'amnésie".
Réagissant sur la question de la taxe sur les dividendes, l'ancien ministre de l'Intérieur a directement mis en cause l'actuel exécutif.
"Il y avait un homme qui n'était pas un amateur à l'Élysée, qui était secrétaire adjoint, qui était en charge de toutes les questions budgétaires, fiscales et économiques, qui s'appelait Emmanuel Macron", a-t-il déclaré sur Europe 1.
"Il y avait comme directeur adjoint du ministre de l'Économie, en charge de la fiscalité des entreprises, un homme de grande qualité qui s'appelle Alexis Kohler (l'actuel secrétaire général de l'Élysée, NDLR). Il y avait des parlementaires qui ont voté ce texte parmi lesquels figurait un homme qui s'appelle Castaner (l'actuel porte-parole du gouvernement, NDLR)", a-t-il poursuivi.
(Marine Pennetier et Cyril Camu, édité par Yves Clarisse)