PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron sera samedi et dimanche au Tchad pour rencontrer avant Noël le millier de militaires français déployés à N'Djamena dans le cadre de l'opération Barkhane dans un contexte de menaces djihadistes persistantes dans la région.
"Ce déplacement s'inscrit dans la continuité de l'engagement du président sur la lutte contre le terrorisme au Sahel et en particulier de la mise en place de la force du G5 Sahel", souligne-t-on à l'Elysée. "Le Tchad est l'un des piliers de la force conjointe et a vu son rôle renforcé avec la nomination en juillet d'un Tchadien au poste de chef d'état-major adjoint".
Le chef de l'Etat, qui s’efforce depuis le début de son quinquennat de mobiliser la communauté internationale autour de la force conjointe du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), avait déjà réveillonné l'an dernier avec les troupes françaises présentes à Niamey, au Niger voisin.
Pour son premier déplacement au Tchad, Emmanuel Macron visitera samedi le poste de commandement de Barkhane à N'Djamena, centre névralgique de l'opération antiterroriste française lancée en août 2014.
Sur les 4.500 militaires français mobilisés dans le cadre de cette opération dans la région, un millier sont stationnés dans la capitale tchadienne. Emmanuel Macron partagera avec eux le traditionnel repas de Noël, préparé par le chef de l'Elysée Guillaume Gomez, et prononcera à cette occasion un discours.
La journée de dimanche sera consacrée au volet politique et bilatéral. Après une rencontre avec des représentantes des femmes tchadiennes dans la matinée, le chef de l'Etat déjeunera avec son homologue Idriss Déby.
SITUATION SÉCURITAIRE
2018 "a été marquée par un accroissement du partenariat de Barkhane avec les forces locales et avec la force conjointe du G5 Sahel", note-t-on à l'Elysée. Il y a eu une "limitation sensible de la liberté d'action des groupes armés terroristes, dont la capacité est globalement entravée là où Barkhane a concentré ses efforts, dans la boucle du Niger élargie".
La situation sécuritaire reste pourtant préoccupante dans la région. Dans un rapport remis en novembre au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres évoquait des conditions de sécurité "qui se sont rapidement détériorées au cours des six derniers mois" dans la zone dite des "trois frontières" entre Mali, Niger et Burkina Faso.
Au Burkina, les attaques se sont multipliées dans l'est du pays depuis le début de l'année contre des convois de l'armée ou des services de l'Etat, ouvrant un nouveau front pour les forces de sécurité burkinabé qui redoutent un scénario à la "malienne".
Face à cette menace persistante, la France continuera "à être engagée jusqu'à ce que la victoire soit complète", a assuré lundi Emmanuel Macron à l'occasion de la visite en France de son homologue burkinabé Roch Marc Christian Kaboré.
Au-delà de la question de la stabilité du Sahel, la menace de Boko Haram, "qui au cours de ces dernières semaines s'est exprimée de manière croissante et menace les territoires du Niger et du Tchad", sera "au coeur des discussions" entre le chef de l'Etat et son homologue. La situation en Libye et en Centrafrique sera également abordée, selon l'Elysée.
OÙ EN EST LA FORCE DU G5 SAHEL ?
Un an et demi après son lancement, la force conjointe du G5 Sahel, composée de 4.000 hommes et destinée à lutter contre les groupes djihadistes dans la bande sahélo-saharienne, bute toujours sur la question de son financement qui continue de retarder sa pleine opérationnalisation.
Réunis à Bruxelles en février, une cinquantaine de pays se sont engagés à verser quelque 400 millions d'euros pour financer cette force. Mais dix mois plus tard, seulement 100 millions d'euros ont été effectivement versés - 215 millions d'euros sont en cours de contractualisation, selon l'Elysée, où l'on juge que "le chemin parcouru depuis 18 mois est assez considérable".
La question de la pérennité de la force demeure. Le G5 Sahel a demandé en vain pendant des mois de placer la force sous chapitre VII de la charte des de l'Onu qui permettrait un financement plus durable mais les Etats-Unis s'y sont opposés.
"Il ne s'agit pas seulement d'avoir un soutien de départ mais d'identifier aussi les modalités d'un financement pérenne", insiste-t-on à Paris. Or le "blocage américain à l'Onu persiste et n'est pas près d'être levé au vu des récentes déclarations" du conseiller à la sécurité de Donald Trump, John Bolton, annonçant une politique américaine plus sélective en Afrique.
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)