Le président de RTE, François Brottes, a insisté jeudi sur la nécessité pour le gestionnaire français du réseau électrique haute tension de pouvoir exercer sereinement sa mission, face à l'éventualité d'une cession par son actionnaire unique EDF (PA:EDF) de la moitié de son capital.
Selon le quotidien Les Echos, EDF a inscrit à son budget 2016 la cession de près de 6,5 milliards d'euros d'actifs pour financer ses nouveaux projets et envisage dans ce cadre de céder notamment la moitié du capital de RTE, sa filiale à 100%.
"L'expression d'EDF sur les questions de son avenir (...) est une expression que j'entends et que je respecte. Mais nous, RTE, nous avons une mission très spécifique (...). Donc on a besoin de sérénité pour l'exercer", a réagi François Brottes lors d'une rencontre avec des journalistes.
"RTE n'est pas une entreprise comme les autres puisqu'on remplit une mission indispensable et unique pour l'équilibre général du réseau", a poursuivi l'ancien député socialiste, à la tête de RTE depuis le 1er septembre 2015.
"Le métier que nous faisons est un métier très spécifique qui exige qu'on ait à notre égard certains égards et qu'on ne considère pas forcément que nous sommes une variable d'ajustement", a-t-il ajouté, rappelant que son entreprise avait versé 963 millions d'euros de dividende en cinq ans à sa maison-mère.
"Cela ne veut pas dire que les choses ne peuvent jamais évoluer", a-t-il toutefois nuancé.
Le scénario d'une ouverture du capital voire d'une cession de RTE refait régulièrement surface depuis plusieurs années et en novembre dernier, EDF avait indiqué qu'il participerait "à la définition du plan stratégique" de sa filiale, qui gère le premier réseau européen de transport d'électricité avec plus de 100.000 kilomètres de lignes.
Conformément à la réglementation européenne, l'entreprise bénéficie d'une autonomie de gouvernance, de financement et de fonctionnement, bien qu'elle reste une filiale à 100% d'EDF. Ses statuts prévoient que son capital ne peut s'ouvrir qu'à un partenaire public (EDF, l'Etat ou d'autres entreprises ou organismes appartenant au secteur public).
Mercredi, la FNME-CGT s'était opposée à toute ouverture du capital de RTE, "y compris avec l'éventualité de prise de participation de la Caisse des dépôts et consignations".
"La FNME-CGT considère que l'organisation intégrée de l'entreprise (production, transport, distribution, commercialisation), mise à mal par les réorganisations du secteur par les gouvernements successifs sous la pression de Bruxelles, constitue l'optimum technico-économique", avait insisté le syndicat dans un communiqué.
François Brottes a par ailleurs annoncé jeudi "le lancement d'un nouveau projet d'entreprise", qui devrait aboutir en juillet, avec l'objectif de repenser le fonctionnement de RTE et de l'adapter aux défis posés notamment par la transition énergétique.
Parallèlement, M. Brottes a indiqué que le gestionnaire de réseau avait engagé des discussions avec la Commission de régulation de l'énergie (CRE), le gendarme du secteur, sur une éventuelle modification de l'assiette du prochain tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité ("Turpe 5"), sa principale source de financement, qui devrait s'appliquer à partir de l'été 2017 pour une durée d'environ quatre ans.