Le financier escroc américain Bernard Madoff affirme avoir agi seul, mais ses proches vont faire l'objet de poursuites cette semaine dans le cadre de l'enquête sur la disparition de plusieurs milliards de dollars, a annoncé le liquidateur judiciaire.
Le liquidateur Irving Picard et son avocat principal David Sheehan ont affirmé dimanche sur la chaîne américaine CBS que les proches de Madoff et de nombreuses soi-disant victimes avaient largement profité de l'escroquerie qui a valu au financier déchu d'être condamné à 150 ans de prison pour fraude fin juin.
La famille de M. Madoff a utilisé l'entreprise comme "une tirelire personnelle" et certains investisseurs ont perçu des milliards de dollars, en ayant sans doute une pleine connaissance de l'escroquerie, selon M. Sheehan.
Pour l'avocat, la famille était trop proche de Madoff au quotidien pour ne pas avoir vu l'arnaque.
"Oui, je pense qu'ils savaient, et la raison pour laquelle je le pense est qu'ils étaient responsables de ces entreprises et parfois aussi directeurs, et aussi responsables du respect de la législation dans un environnement extrêmement régulé", a-t-il dit.
"Il est clair qu'ils devaient savoir ce qui se passait vu leurs propres transactions, la durée pendant laquelle cela s'est déroulé, et leurs responsabilités", a-t-il ajouté.
Selon CBS, le liquidateur devrait porter plainte cette semaine contre les fils de Madoff, Mark et Andrew, son frère Peter et sa nièce Shana, qui se disent tous innocents.
Les fils de Madoff et son frère auraient perçu 80 millions de dollars de salaires au cours des sept dernières années, tandis que sa femme Ruth, déjà poursuivie, aurait dépensé des millions provenant des comptes de l'entreprise.
La famille aurait également investi dans le fonds, selon CBS, tirant des profits mirobolants de maigres investissements, Mark et Andrew ayant ainsi perçu plus de 35 millions de dollars.
Mais, outre la famille, certains investisseurs sont également dans le collimateur du liquidateur.
Selon M. Picard, environ la moitié des investisseurs ont reçu plus en retours sur investissements que la somme qu'ils avaient misée au départ, ce qui fait d'eux des bénéficiaires et non des victimes.
Certains d'entre eux ne seront donc pas remboursés et pourraient même au contraire devoir restituer les sommes perçues indûment.
Parmi les clients poursuivis figurent notamment l'investisseur Jeffry Picower qui a perçu des retours sur investissement s'élevant à 950%, ou Stanley Chais, qui a retiré un milliard de dollars de son compte chez le financier déchu. Les deux hommes clament leur innocence.
Quant à la femme de Madoff, Ruth, "elle vit très modestement", selon M. Picard, et doit en référer au liquidateur avant chaque dépense de plus de 100 dollars, selon CBS.
Juste avant son arrestation et la mise au jour de l'escroquerie, M. Madoff avait envoyé à ses clients un document évaluant son fonds à 64,8 milliards de dollars.
MM. Picard et Sheehan estiment aujourd'hui que la fraude portait en réalité sur 36 milliards de dollars, dont la moitié a disparu.
Jusqu'ici, M. Picard n'a réussi à récupérer que 1,5 milliards de dollars, notamment par la vente de biens immobiliers des Madoff.