par Stephanie Nebehay
GENEVE (Reuters) - Des dizaines de milliers de civils pourraient être utilisés comme boucliers humains à Mossoul, a dit mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Thomas Weiss, qui dirige la mission de l'OIM en Irak, a également déclaré redouter une envolée du nombre d'habitants forcés de fuir les zones de combats à mesure que progresseront les opérations militaires.
L'OIM a commencé à se procurer des masques à gaz de peur que les djihadistes recourent à des armes chimiques mais elle n'en a pas obtenu beaucoup, a-t-il ajouté.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a de son côté renforcé 13 centres médicaux autour de Mossoul, afin notamment d'être en mesure de soigner des patients qui auraient été victimes d'armes chimiques, a dit Robert Mardini qui dirige les opérations du CICR au Proche et Moyen-Orient.
Neuf cents employés du CICR sont mobilisés dans tout l'Irak depuis des mois pour se préparer à cette crise, a-t-il ajouté. Lors de la première phase d'affrontements, le Comité est prêt à fournir des vivres, de l'eau et un abri à près de 270.000 personnes fuyant Mossoul.
Le CICR a parallèlement demandé à tous les belligérants d'épargner les civils et de permettre l'évacuation des blessés.
Robert Mardini a dit avoir déjà rappelé à l'armée irakienne, aux autorités kurdes et à la coalition sous commandement américain leurs obligations au regard du droit international. Il espère faire de même avec les djihadistes de l'EI.
ÉTABLIR UN CONTACT AVEC L'EI
"Notre ambition (...) est d'établir le dialogue avec ce groupe parce qu'il tient la ville de Mossoul et nous avons absolument besoin de lancer ce dialogue. Ce que je peux dire, c'est que nous allons essayer sans relâche."
Le responsable du CICR n'a pas dit quels canaux pourrait utiliser son organisation pour contacter le mouvement djihadiste.
"Il nous faut garder espoir. Peut-être que Mossoul sera l'occasion pour toutes les parties prenantes au conflit, y compris le groupe Etat islamique, de voir l'avantage de faire prévaloir des règles de la guerre et des règles fondamentales de dignité sur le champ de bataille, parce que cela donne à tout le monde la garantie d'un traitement humain", a déclaré Mardini.
Interrogé sur le contenu de ces règles de base, le responsable du CICR a précisé: "Cela veut dire ne pas viser les civils, ne pas viser les infrastructures civiles, ne pas attaquer les installations médicales et le personnel médical, cela signifie éviter l'usage d'armes explosives lourdes dans des zones densément peuplées."
"Notre message à ceux qui combattent est très simple: donnez la priorité aux civils", a-t-il ajouté. "Cela peut paraître naïf après ce que nous avons vu jusqu'à présent, mais notre position est de poursuivre fermement sur la même ligne et de parier sur l'humanité de chacun des groupes impliqués dans les combats."
Les forces gouvernementales irakiennes, soutenues par la coalition sous commandement américain, ont lancé lundi une offensive attendue de longue date pour reprendre Mossoul, dernier grand fief de l'Etat islamique en Irak.
(Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)