L'industrie aéronautique reste tirée par la forte croissance du trafic aérien dans le monde, principalement en Asie, et devrait, en dépit d'un ralentissement des commandes d'avions ces derniers mois, connaître un doublement de la flotte d'avions d'ici 20 ans.
"Le marché reste sain et le flux de commandes d'avions commerciaux demeure important", a expliqué Dennis Muilenburg, le patron de Boeing (NYSE:BA), dans un entretien avec le site internet LaTribune.fr, en amont du salon du Bourget. "Nous sommes convaincus qu'en 2017, le nombre de prises de commandes sera quasiment identique à 2016."
"La tendance est positive", a confirmé Fabrice Brégier, le directeur général d'Airbus (PA:AIR). Le ralentissement des commandes ces derniers mois ne signifie "pas du tout que le marché est en baisse". Pour le directeur commercial d'Airbus, John Leahy, les compagnies aériennes doivent "reprendre leur souffle et commencer à absorber les avions commandés."
Pour sa 52e édition, le Bourget ne devrait donc pas vivre la frénésie des précédentes éditions. Il y a deux ans, le salon - qui se tient en alternance avec celui de Farnborough en Grande-Bretagne - avait enregistré près de 130 milliards de dollars de commandes, principalement des grands avionneurs.
Pour autant, tous les acteurs s'accordent pour confirmer l'excellente santé du secteur.
"Le transport de passagers connaît une croissance de l'ordre de 4,8% par an au niveau mondial, ce qui représente une tendance de fond très porteuse pour l'industrie", relève auprès de l'AFP Stephane Albernhe, managing partner chez Archery Consulting.
"Les carnets de commandes sont historiquement hauts et représentent 8 à 10 années d'activité".
Le constructeur européen comptait plus de 6.700 avions en commande à fin mai, tandis que son rival Boeing en avait 5.640.
"La durée de détention des avions par les compagnies aériennes est en train de diminuer. Le renouvellement des avions s'accélère, estime Stephane Albernhe. Cette accélération du renouvellement génère de la demande supplémentaire en avions, en plus de celle liée à la croissance du marché."
- Marché "très dynamique" -
Airbus a revu à la hausse cette année ses prévisions à 20 ans, et table désormais sur un besoin de 35.000 nouveaux avions au cours des 20 prochaines années, pour une valeur de 5.300 milliards de dollars.
A lui seul, le segment des long-courriers (250 sièges et plus) représentera un besoin de 10.100 nouveaux avions sur 20 ans, pour une valeur de 2.900 milliards de dollars, selon Airbus.
Boeing publiera ses prévisions mardi, mais celles-ci s'accordent généralement avec celles de son concurrent. Kevin McAllister, le patron de sa branche aviation civile, a évoqué dimanche un besoin de "41.000 avions dans les 20 prochaines années". Le périmètre de Boeing est plus large que celui d'Airbus, qui ne compte que les avions de plus de 100 places.
Le ralentissement observé ces derniers mois touche principalement le segment long-courrier et plus particulièrement les appareils de grande capacité, comme l'A380 d'Airbus ou le 747-800 de Boeing.
Le coeur du marché, les avions de 250 à 350 places comme le 787 ou l'A350, continue d'engranger des commandes.
Airbus en a reçu une trentaine depuis le début de l'année, et son concurrent américain une quarantaine.
"Cela n'a jamais été un exercice linéaire", expliquait avant le Salon, Eric Schultz, le patron de la division aviation civile de Rolls-Royce (LON:RR), spécialisé dans les moteurs long-courriers.
"Vous avez des phases d'accélération, puis celle où vous marquez une petite pause. Il y a également des périodes lors desquelles les compagnies aériennes prennent un peu plus de temps pour réfléchir, et cela dépend largement de la moyenne d'âge de leurs flottes."
De plus, le marché devrait profiter à moyen terme d'importants relais de croissance. "Nous sommes dans un marché très, très dynamique", résumait vendredi Randy Tinseth, le vice-président marketing de Boeing Commercial Aviation.
Et puis "nous allons commencer à voir, autour de 2021-23, un autre cycle de remplacement (des avions). Ce sera l'un des facteurs clé de la direction que prendra le marché au cours des sept prochaines années."