General Electric (NYSE:GE), dont le modèle économique et la stratégie sont critiqués, va supprimer 12.000 emplois dans le monde dans sa branche Energie (GE Power) dans le cadre d'un plan d'économies total de 3,5 milliards de dollars jusqu'en 2018.
La majorité de ces coupes se fera hors des Etats-Unis et touche aussi bien les personnels spécialisés que les services de production, a indiqué jeudi le conglomérat industriel américain.
La Suisse, l'Allemagne et l'Angleterre font partie des pays affectés par ce plan social.
Environ 1.100 emplois seront supprimés sur deux sites de production en Angleterre (Stafford et Rugby) tandis que 1.400 le seront en Suisse. En Allemagne, ce sont 1.600 postes qui vont être touchés principalement dans les usines de Mannheim, Stuttgart, Berlin, Mönchengladbach et Cassel, soit 16% des effectifs du groupe américain dans le pays.
Dénonçant la "maximisation à court terme des profits des actionnaires", Klaus Stein, directeur du puissant syndicat allemand IG Metall à Mannheim, a estimé que cette réorganisation n'avait "aucun fondement stratégique, ni économique".
La France est épargnée par la nouvelle restructuration en vertu de l'engagement pris par GE de créer 1.000 emplois nets dans le pays d'ici à fin 2018 lors du rachat en 2015 du pôle énergie d' Alstom (PA:ALSO), ont indiqué à l'AFP deux sources proches du dossier sous couvert d'anonymat. Un plan social menaçant 345 postes sur 800 sur le site de GE Hydro à Grenoble (sud-est) y est en cours.
"Cette décision est pénible mais nécessaire pour que GE Power puisse réagir au ralentissement du marché de l'énergie, qui génère moins de volume tant pour les produits que dans les services", a justifié Russell Stokes, le patron de GE Power, qui inclut le pôle Energie du fleuron industriel français Alstom.
- Plongeon de l'action -
GE Power, qui n'a pas anticipé la chute des prix de l'électricité de gros et l'effondrement des commandes de turbines, veut économiser 1 milliard de dollars en coûts structurels en 2018.
Elle a généré un chiffre d'affaires de 27 milliards de dollars l'an dernier et employait environ 57.000 personnes en début d'année. Les 12.000 suppressions d'emplois représentent donc 21% des effectifs. Toutefois en ajoutant les personnels d'Energy Connections intégrés récemment dans GE Power, les coupes représentent un peu plus de 18% du nombre total des salariés de la division. Le chiffre d'affaires ajusté passe également à 39 milliards.
Le groupe allemand Siemens (DE:SIEGn), rival de GE, a annoncé pour sa part le mois dernier qu'il allait supprimer 6.900 emplois principalement dans sa branche énergie, dont 3.000 en Allemagne.
Les marchés de l'énergie traditionnelle, notamment le gaz et le charbon, connaissent un ralentissement: les volumes ont baissé de façon significative, à la fois pour les produits et pour les services, en raison de surcapacités, d'un faible taux d'utilisation, d'une augmentation du nombre de fermetures de centrales thermiques et du développement des énergies renouvelables notamment.
Ces problèmes affectent fortement les résultats financiers de GE, qui a, en novembre, dû diviser par deux son dividende, une première depuis la crise financière. Le bénéfice net a plongé de 9,7% à 1,8 milliard de dollars au troisième trimestre.
L'action a perdu plus de 44% à Wall Street depuis le début de l'année et la capitalisation boursière a fondu de plus de 120 milliards de dollars sur la période.
Les trois grandes agences de notation, Standard & Poor's, Moody's Investors Service et Fitch Ratings, ont abaissé chacune la note de solvabilité financière de GE, disant s'inquiéter du niveau "faible" de sa trésorerie.
Pour regagner la confiance, le nouveau PDG John Flannery a décidé de recentrer le groupe sur trois activités -- aéronautique (fabrication des moteurs d'avions), équipements et matériels de santé et énergie -- et va vendre pour 20 milliards de dollars d'actifs dont la branche transport et l'activité traditionnelle d'électricité qui a fait la réputation de GE à ses débuts il y a 125 ans. Cette division a notamment inventé l'ampoule électrique à filament et la lampe à fluorescence.
M. Flannery a également mis en vente les avions transportant les dirigeants dans leurs voyages d'affaires et supprimé le service de voitures mis à leur disposition.
Il va en outre réduire ses investissements dans la recherche et développement (R&D).