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Grippe aviaire: dans le Gers, le désarroi d'une famille d'éleveurs

Publié le 07/01/2017 13:00
Mis à jour le 07/01/2017 13:15
Des employés de Sébastien Pujos, éleveur de canards s'apprêtent à abattre un élevage de canards touchés par la grippe aviaire à Belloc-Saint-Clamens (sud-ouest de la France), le 6 janvier 2017 (Photo REMY GABALDA. AFP)
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Des employés de Sébastien Pujos, éleveur de canards s'apprêtent à abattre un élevage de canards touchés par la grippe aviaire à Belloc-Saint-Clamens (sud-ouest de la France), le 6 janvier 2017 (Photo REMY GABALDA. AFP)

Des jours qu'ils ne veulent "surtout pas revivre" : dans le Gers, la famille Pujos a dû faire abattre les 32.000 canards de son élevage après un cas de grippe aviaire, dans une région où la profession se mobilise pour endiguer cette nouvelle épizootie.

Vendredi, des salariés en blouses blanches ont multiplié les aller-retours en tracteur entre les imposants bâtiments d'élevage. A l'abri des regards, les canards sont un à un euthanasiés d'une brève décharge électrique.

"Cette maladie, c'est horrible", se désole Jean-Pierre Pujos, bottes aux pieds et mains dans les poches. "Quand vous voyez les canards mourir de cette façon", ajoute l'éleveur qui s'est aperçu il y a une semaine "que le lot n’était pas normal".

Gérant d'une exploitation de 450 hectares depuis 37 ans, il dit traverser des jours qu'il ne veut "surtout pas revivre" et se "voit mal redémarrer sans qu'ils soient vaccinés".

Le virus est sans danger pour l'être humain mais classé "hautement pathogène" pour les volailles : l'ensemble des animaux de la ferme ont été abattus sur trois jours.

"J'espère ne jamais le revivre", résume son fils, vêtu d'une blouse sanitaire bleue. Avec l'arrêt de l'activité, au-delà du désoeuvrement, "il y a la perte économique et il y a la perte des clients" qui achèteront ailleurs, "puis l'image de nos traditions, de notre savoir-faire", soupire-t-il.

Sur cette ferme, l'abattage a débuté mercredi, la veille de l'annonce par le ministère d'un nouveau plan de lutte contre le virus. D'ici au 20 janvier, environ un million de palmipèdes élevés à l'air libre vont être abattus préventivement dans 150 communes du Gers, des Landes, des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques.

"On s'y attendait et on savait aussi qu'il n'y avait pas d'autre solution", poursuit Sébastien Pujos.

- 'un paquet d'exploitations en faillite' -

A l'automne 2015, la grippe aviaire H5N1 avait touché le Sud-Ouest : le gouvernement avait alors décrété un "vide sanitaire" de janvier à mai 2016, dans 18 départements. Les éleveurs avaient vidé progressivement leurs élevages, nettoyé et repris leur activité.

Mais fin novembre, un autre virus, H5N8, présent dans d'autres pays d'Europe, a été signalé en France. Dans les paysages vallonnés de l'ouest du Gers, où les exploitations agricoles se succèdent, le ministère de l'Agriculture dénombrait 51 cas, sur les 100 comptabilisés dans toute la France.

"L'an dernier, on n'a pas été touchés par le virus", précise Valérie Pujos, l'épouse de Sébastien, debout à quelques mètres d'un hangar rempli de maïs. "Aujourd'hui, on ne sait pas où l'on va", avec "vingt salariés à temps complet, une dizaine d'autres occasionnels" et "6 mois sans rentrée financière". "On attend vraiment les aides (...) pour pouvoir déjà sauver nos emplois, et puis après, essayer de nous sauver nous-mêmes".

Dans la région, "l'économie, c'est l'agriculture", résume la maire de la commune, Claudine Ladois venue sur l'exploitation. "C'est l'économie qui va vraiment en prendre un coup, et aussi le tourisme induit", car ces épisodes vont "changer profondément le paysage de l'agriculture".

A environ 13 km à vol d'oiseau, Bernard Dupuy, éleveur-gaveur à Bars, a pris de plein fouet les deux crises successives de grippe aviaire. Situé dans une zone concernée par l'abattage préventif, il s'attend à voir partir les 5.600 canards qu'il lui reste.

"On a arrêté le lait pour mettre le canard, et maintenant, ils vont nous abattre les canards", s'emporte-t-il, debout près des oiseaux blancs et noirs, sous un soleil d'hiver.

Déjà "l’an passé, on a arrêté de fin janvier à fin juillet, et là, on ne sait pas comment on va être indemnisés, et quand", déplore-t-il. "Ils vont mettre un paquet d’exploitations en faillite", assure-t-il.

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