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Italie: décideurs et patrons pressent le gouvernement d'agir vite

Publié le 04/09/2011 16:05

Réunis sur les rives du lac de Côme (nord) pour un mini-Davos à l'italienne, décideurs et patrons ont pressé le gouvernement Berlusconi de mettre en oeuvre sans tergiverser ses mesures d'austérité afin de restaurer la crédibilité de l'Italie.

"Il est essentiel que l'objectif qui a été annoncé pour diminuer le déficit soit pleinement confirmé et mis en oeuvre", a déclaré samedi le président de la Banque Centrale Européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, lors du Forum Ambrosetti qui se tient dans un hôtel luxueux de Cernobbio.

"C'est absolument décisif pour consolider et renforcer la qualité et la crédibilité de la stratégie italienne et de sa solvabilité", a-t-il ajouté.

Appelant la majorité et l'opposition à entériner "rapidement" le nouveau plan d'austérité au Parlement, le président italien Giorgio Napolitano a insisté sur le besoin de "clarté et de certitude" et sur la nécessité d'éviter "toute oscillation nocive à la crédibilité" du pays.

Face à la perte de confiance des marchés qui a fait dangereusement grimper le coût de l'énorme dette de 1.900 milliards du pays, le gouvernement de Silvio Berlusconi a adopté en urgence le 12 août une nouvelle cure d'austérité de 45,5 milliards d'euros, qui s'ajoute à un plan de 48 milliards entériné en juillet.

Ces nouvelles mesures doivent permettre à l'Italie de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 au lieu de 2014. En 2010, le déficit du pays s'est élevé à 4,6% du PIB.

Mais le gouvernement a depuis renoncé à l'une des mesures phares de ce plan, une "taxe de solidarité" sur les plus riches, et a abandonné une mesure contestée sur les retraites.

Afin de compenser le manque à gagner, Rome va renforcer la lutte contre l'évasion fiscale mais ses résultats sont toutefois difficiles à estimer, ce dont la Commission européenne s'est inquiétée vendredi.

Ces tergiversations ont soulevé des questions sur la crédibilité du gouvernement, faisant monter au sein du monde des affaires les appels à la mise en place d'un gouvernement technique pour faire des réformes.

Au Forum Ambrosetti, les patrons ne cachent pas leur inquiétude et leur exaspération. "La classe politique doit se rendre compte de la gravité de la situation (...) et agir immédiatement car notre pays risque beaucoup", a lancé la "patronne des patrons" Emma Marcegaglia.

"Nous attendons des réformes, des amendements du gouvernement (mais ils) changent tous les jours", a critiqué le patron du chausseur Geox, Mario Moretti Polegato, dénonçant la "confusion" de la classe politique.

"On ne peut pas attendre que, chaque fois, une décision soit annoncée puis remise en cause et à nouveau revue. Mon souhait, c'est vraiment qu'on ne perde plus de temps" afin que la "crédibilité revienne" et que l'Italie puisse "faire des réformes structurelles plus lourdes avec beaucoup plus de tranquillité", a renchéri Gabriele Galateri di Genola, président de l'assureur Generali.

Selon les patrons, il faut en effet accélérer sur les réformes structurelles afin de relancer une croissance atone.

Pour M. Moretti Polegato, "le problème le plus grave est le chômage des jeunes" qui atteint près de 30%. "Si nous n'intervenons pas, nous ne relancerons pas l'économie et nous mettrons en danger notre démocratie, car ces jeunes feront comme en Libye ou en Tunisie. Ils descendront dans la rue", a-t-il mis en garde.

Défendant le plan de rigueur lors du Forum, le ministre italien des Finances, Giulio Tremonti, a dénoncé l'"instrumentalisation" et les "polémiques", arguant que "personne n'a de baguette magique" pour résoudre la crise.

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