L'export, l'export! Industriels et gouvernement n'ont que ce mot à la bouche au salon international de l’alimentation (Sial), les marchés émergents apparaissant comme la planche de salut d'une industrie déclinante au pays de la gastronomie.
Certes l'agroalimentaire participe activement à l'excédent commercial français, juste après l’aéronautique. En 2013, il a dégagé plus de 11 milliards d'euros de solde positif.
Mais en quelques années, la France a perdu sa place de deuxième exportateur alimentaire mondial. Elle est désormais au cinquième rang, derrière les États-Unis, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Brésil.
"L'objectif c'est de revenir sur le podium. Il faut créer une vraie dynamique", plaide Jean-Philippe Girard, président de l'association des industries alimentaires (Ania). L'Ania, qui organisait mardi au Sial ses assises de l'alimentaire a d'ailleurs fait de l'export le deuxième objectif du secteur, derrière la nécessité d'améliorer sa compétitivité.
Une obsession partagée par le gouvernement, qui depuis son arrivée, a dû gérer des plans sociaux en cascade: Candia, Gad, Marine Harvest, etc. Sans compter les centaines de TPE et PME qui ont licencié dans l'indifférence. Rien qu'en 2013, près de 5.000 emplois ont été détruits.
En 2014, l'investissement repart (+2 à 3% depuis le début de l'année) et "sur le front de l'emploi, on a une impression plus positive", confie Jean-Philippe Girard.
Mais cette embellie ne concerne que les entreprises qui exportent massivement hors Europe, rappelle Jean-Philippe Girard.
Face à une consommation morose en France et en Europe, les relais de croissance se trouvent hors Europe, au Moyen-Orient, en Asie ou même en Afrique. De grands groupes comme Bonduelle (légumes), Bel (Vache qui rit), Danone ou Lactalis (produits laitiers) ne s'y sont pas trompés.
- L'argument "fait avec amour" -
Mais l'agroalimentaire français, c'est avant tout et surtout (à 98%) des petites et moyennes entreprises qui n'ont pas les moyens financiers et structurels pour se développer à l'export.
Et deux entreprises sur trois qui exportent ne le font plus au bout d'un an, rappelait dimanche au Sial le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll.
Face à ce constat, les professionnels, en lien avec le gouvernement, mettent en place une vraie offensive. Création d'un comité Asie, conquête du marché chinois à coup de visites présidentielles, référents régionaux pour les PME candidates à l'export.
Une première petite victoire a été obtenue l'hiver dernier avec l'ouverture du marché chinois à la charcuterie française. Accord pour l'instant limité à une poignée d'entreprises.
Et au Sial, Stéphane Le Foll et le Premier ministre Manuel Valls n'ont pas manqué de souligner la nouvelle marque "Made in France, Made with love" (Fait en France avec amour, ndlr) qui sera déployée sur tous les grands salons internationaux et dans toutes les campagnes de publicité à destination des marchés étrangers.
- Cap sur l'Expo universelle -
Manuel Valls a d'ailleurs plaidé lundi pour un rapprochement rapide entre l'agence française pour le développement international des entreprises Ubifrance et Sopexa, chargée d'assurer la promotion de l'agroalimentaire à l'étranger, afin de rationaliser l'accompagnement des sociétés à l'export.
Stéphane Le Foll a en outre promis de dépêcher des conseillers agricoles dans les ambassades qui n'en avaient pas comme Kiev, Ryad, Dakar et bientôt en Afrique de l'Est.
L'Exposition universelle de Milan en 2015, qui durera six mois de mai à octobre, devrait elle aussi être une vitrine de premier plan. Car elle a choisi comme thème "Nourrir la Planète, Énergie pour la Vie".
"Le défi alimentaire concerne plus particulièrement la France, parce qu'on a une capacité scientifique, un potentiel économique, parce que nous sommes tournés vers l'international et particulièrement les pays émergents pour qu'ils améliorent leur sécurité alimentaire, donc on a beaucoup de messages à faire passer", a fait valoir Alain Berger, Commissaire général de la France à l’Exposition universelle Milan 2015.