Les choix d'actions de juin de notre IA sont sortis. Quoi de neuf dans Titans de la Tech (+28.5% cette année) ?Voir actions

Le monde agricole s'inquiète des méga-fusions dans l'agrochimie

Publié le 17/06/2016 10:54
L'entrée du siège de Monsanto à Saint-Louis (Missouri), le 7 avril 2014 (Photo Juliette MICHEL. AFP)
DD
-
ZC
-

L'entrée du siège de Monsanto à Saint-Louis (Missouri), le 7 avril 2014 (Photo Juliette MICHEL. AFP)

Impact sur le prix des pesticides, expansion des OGM... Les trois méga-fusions en cours dans l'agrochimie, Bayer-Monsanto en tête, suscitent l'inquiétude d'une partie de la planète agricole, qui attend toutefois d'en voir les retombées sur le terrain.

Les négociations ne sont pas terminées mais en Allemagne, la société civile a rapidement dénoncé le "mariage infernal" que constituerait le rachat par le laboratoire allemand Bayer de l'américain Monsanto, fabricant de semences OGM et du très controversé désherbant Roundup, le plus utilisé au monde.

En parallèle, le chinois ChemChina est en passe de mettre la main sur l'agrochimiste suisse Syngenta, tandis que les américains Dow Chemical et DuPont (NYSE:DD) peaufinent leur fusion.

Les trois géants nés de ces fusions concentreraient deux-tiers du marché mondial des semences et des pesticides, deux postes clés d'une exploitation agricole.

Même s'il faut encore attendre le feu vert des autorités de la concurrence en Europe et aux Etats-Unis, les ONG spécialisées et les tenants de l'agriculture "paysanne", ne cachent pas leur inquiétude.

"Où qu’on mette le seuil pour définir un (oligopole) c’est évident que ces fusions vont diminuer encore plus les choix pour les agriculteurs, surtout dans les pays du Sud", affirme Renée Vellvée, de l'ONG Grain, qui craint que l'on donne "trop de pouvoir sur l’amont de la chaîne alimentaire à quelques conseils d'administration".

En Allemagne, le groupement de petits et moyens exploitants AbL redoute que "les gros acteurs décident complètement de quelles sortes (de semences) se retrouvent sur le marché", résume Annemarie Volling. "Pour le moment il n'y a pas d'OGM en Europe, mais c'est la question, est-ce-que Bayer va oser?"

Mais du côté des grosses exploitations et coopératives outre-Rhin, "ce n'est pas du tout un sujet, les exploitants ont tellement d'autres préoccupations", comme la chute des prix du lait, explique Holger Brantsch, de la fédération agricole du Brandebourg, dans l'est de l'Allemagne. "Cela ne les intéresse pas encore".

En France, la FNSEA, 1er syndicat agricole, se borne à surveiller les risques posés par une "concentration des opérateurs économiques", "sans être intervenant" pour le moment.

- Réaction contrastée -

La réaction des agriculteurs américains est elle aussi contrastée. Une partie craint une hausse des prix des semences et des engrais, mais pour l'American Farm Bureau Federation, cité par la presse allemande, "les prix pourraient baisser, du fait d'économies" réalisées par un Bayer-Monsanto nouvellement fusionné, qui pourrait aussi mettre plus rapidement sur le marché de nouveaux produits.

En Argentine, grand utilisateur de semences OGM pour ses champs de maïs, soja et coton, l'heure n'est pas encore à la panique.

"Le scénario d'une hégémonie sur les prix est probable. Mais ce n'est pas une réalité immédiate. Ni les engrais ni le glyphosate n'ont augmenté, au contraire leurs prix ont baissé ces deux ou trois derniers mois", en raison d'une plus grande facilité à importer ces produits en Argentine, explique à l'AFP Carlos Marin, membre du consortium d'expérimentation agro-pastorales, qui regroupe 2.000 entreprises agricoles.

En France, l'union de coopératives InVivo, qui détient près de la moitié du marché de distribution des pesticides, estime avoir une taille suffisante pour peser dans les négociations sur les prix avec les mastodontes de l'agrochimie.

"Il y a de nouveaux petits fournisseurs qui arrivent, notamment dans les génériques de pesticides, où il y a une folie de concurrence. Cela permet une baisse des prix significative", estime Jean-Sébastien Bailleux, responsable du pôle Agrofourniture.

Mais pour Pat Mooney, directeur de l'ONG canadienne ETC, "penser pouvoir résister à la pression (de l'agrochimie) est une vue à court terme". Pour lui, les fusions en cours pourraient être le prélude à une entrée en lice des grands fabricants de tracteurs, aux chiffres d'affaires bien plus importants que les boîtes d'agrochimie.

Une entreprise comme l'américain John Deere gagnerait selon lui à racheter un groupe comme Bayer-Monsanto, prenant ainsi le contrôle de toutes les données récoltées par les divisions "agriculture de précision" développées récemment par Monsanto notamment.

"Aucun agriculteur ne peut se sentir bien à l'idée d'avoir autant de ses facteurs de production contrôlés par si peu d'entreprises", estime-t-il.

Derniers commentaires

Installez nos applications
Divulgation des risques: Négocier des instruments financiers et/ou des crypto-monnaies implique des risques élevés, notamment le risque de perdre tout ou partie de votre investissement, et cela pourrait ne pas convenir à tous les investisseurs. Les prix des crypto-monnaies sont extrêmement volatils et peuvent être affectés par des facteurs externes tels que des événements financiers, réglementaires ou politiques. La négociation sur marge augmente les risques financiers.
Avant de décider de négocier des instruments financiers ou des crypto-monnaies, vous devez être pleinement informé des risques et des frais associés aux transactions sur les marchés financiers, examiner attentivement vos objectifs de placement, votre niveau d'expérience et votre tolérance pour le risque, et faire appel à des professionnels si nécessaire.
Fusion Media tient à vous rappeler que les données contenues sur ce site Web ne sont pas nécessairement en temps réel ni précises. Les données et les prix sur affichés sur le site Web ne sont pas nécessairement fournis par un marché ou une bourse, mais peuvent être fournis par des teneurs de marché. Par conséquent, les prix peuvent ne pas être exacts et peuvent différer des prix réels sur un marché donné, ce qui signifie que les prix sont indicatifs et non appropriés à des fins de trading. Fusion Media et les fournisseurs de données contenues sur ce site Web ne sauraient être tenus responsables des pertes ou des dommages résultant de vos transactions ou de votre confiance dans les informations contenues sur ce site.
Il est interdit d'utiliser, de stocker, de reproduire, d'afficher, de modifier, de transmettre ou de distribuer les données de ce site Web sans l'autorisation écrite préalable de Fusion Media et/ou du fournisseur de données. Tous les droits de propriété intellectuelle sont réservés par les fournisseurs et/ou la plateforme d’échange fournissant les données contenues sur ce site.
Fusion Media peut être rémunéré par les annonceurs qui apparaissent sur le site Web, en fonction de votre interaction avec les annonces ou les annonceurs.
La version anglaise de ce document est celle qui s'impose et qui prévaudra en cas de différence entre la version anglaise et la version française.
© 2007-2024 - Fusion Media Ltd Tous droits réservés