Wall Street salue la chute de -1% du PIB américain au 1er trimestre par une hausse rugissante -dans des volumes extra light- et une nouvelle pluie de records absolus, avec un 'S&P' (+0,54%) à 1.920Pts, un 'Dow Transport' (+0,45% à 8.110Pts, soit 4 fois son plancher du 9 mars 2009) et un Dow Jones qui rate pour 0,1% l'inscription d'un nouveau record historique de clôture (à 16.699Pts).
Le Nasdaq ne gagne 'que' 0,54% à 4.248Pts alors que toutes les 'grosses cylindrées' terminent en nette hausse, certains opérateurs évoquant des 'habillages de bilans' avec Yahoo! (NASDAQ:YHOO) +0,4%, Facebook (NASDAQ:FB) +0,5%, Microsoft (NASDAQ:MSFT) +0,8%, Vertex +1,5%, Apple (NASDAQ:AAPL) +1,8%, Biogen (NASDAQ:BIIB) +3,6%.
Il ne s'agit pourtant que d'une fin de mois calendaire (mineure au demeurant) et non d'une séance des '4 sorcières', ni d'une fin de trimestre, ni d'une expiration d'options sur la volatilité.
Alors, même si la révision du PIB est un 'trompe l'oeil' provoqué par la méthodologie du calcul de la croissance, il se pourrait que les 'rigueurs' de l'hiver ne soient peut-être pas les seules en cause dans le 'trou d'air' statistique du 'Q1'.
Et si le PIB américain souffre également de la stagnation de l'Europe et de lourdes interrogations concernant la prospérité de la Chine (une étude alarmiste à ce sujet a fait le Buzz' ce jeudi), alors, la FED pourrait repousser de plusieurs mois, voir de plusieurs trimestres la perspective d'un resserrement de sa politique monétaire.
Les taux US restant à zéro pour 18 à 24 mois supplémentaires (au lieu de 12 selon les anticipations les plus pessimistes, en référence aux propos de James Lockhart et Richard Fisher), alors les indices US sont partis pour une hausse quasi éternelle, puisque -comme le martèlent une écrasante majorité de gérants- 'il n'y a pas d'alternative aux actions' (quel que soit leur prix, quel que soit leur PER).
Les mêmes discours entendus en 2000 et 2007 refleurissent: il n'y a pas d'alternative aux 'dot.com', il n'y a pas d'alternative aux 'subprimes' (certaines banques allemandes n'avaient plus que cela en portefeuille).
Nous assistons également à l'éclosion d'un florilèges d'études -très révélatrices de cet état d'esprit- visant à démontrer que Wall Street ne peut plus baisser car un merveilleux équilibre a été trouvé entre des profits qui ne progressent que très lentement (tandis que les cours s'envolent) et une croissance laborieuse qui garantit des politiques monétaires ultra-accommodantes (BCE, BoJ prenant le relai de la FED) pour encore de nombreuses années.
Et plus l'économie US avancera en boitillant, plus Wall Street grimpera d'un pas assuré, se riant des avertissements réitérés mais inutiles sur le gonflement des bulles boursières.
Pour en revenir aux chiffres du jour, si jamais il faut vraiment chercher de ce côté le moteur de la hausse, la seconde estimation du département du Commerce sur le PIB déjoue les anticipations les plus pessimistes: -1% contre -0,5% anticipé après +0,1% initialement... il faut remonter au premier trimestre 2011 pour observer un repli du PIB US (-1,3% à l'époque).
C'est le plongeon des investissements résidentiels et industriels (-11,7%) puis la réévaluation 'l'effet stocks' (qui ampute de -1,6% la croissance au T2) qui aboutissent à un PIB négatif alors que les dépenses de consommation se sont maintenues (+3,1%).
Les opérateurs se réjouissent par ailleurs de la forte baisse des demandes hebdomadaires d'indemnités chômage (-27.000 à 300.000, au plus bas depuis fin 2007) puis de la hausse de 0,4% du baromètres des promesses d'achats de maisons neuves (à 97,8 contre 97,4 en avril).
Les T-Bonds ne souffrent même pas d'arbitrages au profit de Wall Street avec un rendement inchangé à 2,4400% ce soir, et c'est un nouveau plancher depuis juin 2013: tous les actifs financiers grimpent simultanément et dans un mouvement quasi planétaire, avec des indices de volatilité au plus bas historique, aussi bien sur les actions (VIX à 11,5) que sur les emprunts d'état jugés les plus surs (un refuge classique quand les combats se font de plus en plus violents à l'Est de l'Ukraine).
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