MARSEILLE (Reuters) - Le groupe Costa, leader européen de la croisière, et le Grand port maritime de Marseille (GPMM) se sont engagés mardi à réduire l'impact environnemental des navires à quai, une pollution dénoncée par les associations de défense de la nature.
La compagnie italienne et le port vont notamment déployer des technologies de nettoyage des gaz ("scrubber") permettant d'éliminer jusqu'à 97,1% du dioxyde de souffre et environ 90% des particules fines sur les navires qui en sont équipés.
"Nous ne souhaitons pas être une menace", a déclaré à la presse le PDG du groupe Costa, Michael Thamm.
La directrice générale du GPMM, Christine Cabau Woehrel, a annoncé qu'une société de classification internationale mesurerait l'impact de ces dispositifs.
"Les activités économiques liées à la croisière doivent s'inscrire dans des ambitions environnementales qui ne font que croître", a-t-elle dit lors de la même conférence de presse.
Le groupe Costa s'engage aussi à déployer des navires propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL), dont le premier exemplaire à sortir des chantiers de construction finlandais, le Costa Smeralda, est attendu en avril 2019 à Marseille.
La compagnie italienne, dont les 27 navires sont la propriété du groupe Carnival (LON:CCL), le plus important opérateur mondial sur le marché de la croisière, dit avoir déjà réduit d'un tiers la consommation d'énergie à bord des bateaux, qui représentent chacun une ville de 6.000 personnes.
Le port de Marseille a pour sa part été le premier en France à installer un système de branchement électrique pour les ferries qui assurent les traversées entre le continent et la Corse, un dispositif qui pourrait être à terme appliqué aux navires de croisière pour passer du fonctionnement moteur à l'alimentation électrique "sans rupture de service" à bord.
"CHANGEMENT DE PARADIGME"
Un "changement de paradigme" que le groupe Costa dit déjà avoir pris en compte avec une majorité des navires de sa flotte capable techniquement de se connecter électriquement à quai.
"Nous avons 300 points d'escales en Europe, mais un seul - Hambourg - est doté de l'électricité à quai", dit Michael Thamm.
Plusieurs associations de protection de la nature se sont alarmées l'été dernier de la pollution de l'air générée par les quelque 460 escales annuelles des géants des mers à Marseille.
En juillet 2017, France nature environnement (FNE) estimait le nombre de particules fines dans l'air jusqu'à 100 fois plus élevé à proximité du port qu'ailleurs dans la ville.
Leader français sur le marché de la croisière, Marseille a accueilli l'an dernier 1,486 million de passagers, soit une baisse globale de 7% avec la perte de 46 escales et de 300.000 passagers.
Une baisse "conjoncturelle" qui devrait être gommée en 2018 avec un trafic attendu de 1,75 million de passagers, soit près de 18% de progression, et 513 escales assurées par 88 navires différents opérés par 31 compagnies.
Marseille a ravi la quatrième place méditerranéenne sur le marché des croisières à Venise, qui a mis un frein au développement du secteur pour des raisons environnementales.
Selon les chiffres communiqués en mars 2017 par le Cruise Lines International Association France (CLIA France), l'Allemagne reste leader d'un marché européen en croissance de 3,4% en 2016, à 6,674 millions de passagers, devant le Royaume-Uni, l'Italie, la France et l'Espagne.
(Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)