Victime comme PSA de la crise automobile européenne, Renault espère faire rebondir en 2013 des ventes en net repli, alors que l'Etat actionnaire fait pression pour que l'allié japonais Nissan vienne à la rescousse du constructeur français.
Trois jours après avoir dévoilé ses projets de supprimer 7.500 postes en France d'ici 2016, Renault a annoncé vendredi une baisse de 6,3% de ses ventes mondiales l'an dernier, à 2,55 millions d'unités.
En cause: un effondrement de 18% en Europe, que la progression de 9,1% hors du Vieux continent, où le groupe a écoulé pour la première fois plus de la moitié de ses véhicules (50,2%), n'a pas suffi à compenser.
Le constructeur vise pour 2013 "une croissance des volumes et des parts de marché" sur l'ensemble de ses marchés "y compris l'Europe", a déclaré le directeur commercial Jérôme Stoll, sans toutefois chiffrer d'objectifs.
"Nous aurons toujours un marché à deux vitesses", a-t-il averti. Le groupe table en effet sur une hausse de 3% du marché automobile mondial en 2013, mais voit "au mieux" un repli du même ordre du marché européen.
Pour se relancer, Renault veut "amplifier son développement à l'international (ndlr, hors Europe)" et promet "une véritable offensive produits". Il espère tirer son épingle du jeu avec l'arrivée de nouveaux modèles: la nouvelle Clio ou la citadine électrique Zoé pour la marque au losange, les nouvelles Logan et Sandero du côté de sa filiale low cost Dacia.
De son côté, l'Etat français, premier actionnaire de Renault avec 15,01% du capital, pousse l'allié nippon, autre actionnaire de poids du constructeur, à le soutenir en lui confiant des modèles à produire dans ses usines de l'Hexagone.
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a assuré vendredi avoir obtenu qu'il accède à cette demande, lors d'un entretien téléphonique la veille avec le PDG des deux groupes, Carlos Ghosn.
"Je lui ai dit: je souhaite (...), comme vous êtes aussi le dirigeant de Nissan et que Renault contrôle Nissan, que Nissan se porte au secours des usines françaises et mette du travail sur les chaînes françaises", a déclaré M. Montebourg sur BFMTV/RMC.
"La réponse est positive", a-t-il ajouté.
Mais un son de cloche différent chez Renault est venu tempérer cette affirmation.
"Je ne peux pas vous confirmer que Nissan va mettre des véhicules en France ou en Europe dans nos usines", a réagi Jérôme Stoll, soulignant que Renault était "au milieu des négociations" avec les syndicats sur un accord de compétitivité.
En marge du salon automobile de Detroit (Etats-Unis), Carlos Ghosn avait expliqué lundi qu'il fallait d'abord conclure ces négociations avant de voir ce qui pourrait être fait avec Nissan.
"La signature d'un accord nous mettra en mesure de prendre des engagements sur l'affectation de volumes venant de nos partenaires", a seulement ajouté vendredi la direction.
Renault a entamé en novembre des discussions avec les syndicats pour s'adapter à la crise du marché européen et adapter en France son outil industriel surdimensionné par rapport à la demande.
Il propose notamment 7.500 suppressions d'emplois d'ici fin 2016, soit plus de 15% de ses effectifs, via essentiellement des départs naturels non renouvelés selon la direction, pour permettre une économie de 400 millions d'euros. Et assure qu'il ne fermera pas de sites, si un accord est signé par au moins 30% des syndicats représentatifs.
La France reste le premier marché de Renault, devant le Brésil, la Russie, où il est allié à Avtovaz (le fabricant de la Lada), l'Allemagne et l'Argentine.
Les marques du groupe ont connu l'an dernier des trajectoires singulièrement différentes. Les ventes de véhicules au losange ont reculé de 6% à 2,12 millions dans le monde et dégringolé de 24,7% dans l'Hexagone. Celle de la filiale roumaine à bas coûts Dacia, dont les modèles sont produits hors de France, ont progressé globalement de 4,8% à 359.000 unités.