par Silke Koltrowitz
ZURICH (Reuters) - Nestlé a confirmé jeudi ses objectifs annuels à la faveur d'une reprise de la croissance des ventes dans les pays émergents au cours du deuxième trimestre et le géant agro-alimentaire suisse a également annoncé un programme de rachat de titres de huit milliards de francs (6,6 milliards d'euros).
Le bénéfice net du propriétaire de marques allant de KitKat à Nescafé, est ressorti à 4,6 milliards de francs suisses (3,8 milliards d'euros) au premier semestre, en deçà d'un consensus le donnant à 5,01 milliards, un franc suisse fort et des coûts de production en hausse ayant obéré ce résultat.
La croissance du chiffre d'affaires, ajustée des effets de change et des acquisitions, a en revanche été supérieure aux attentes avec un rythme de 4,7% au premier semestre contre 4,1% un an auparavant, 4,2% au premier trimestre et un consensus de 4,5%. En francs suisses, le chiffre d'affaires du groupe a baissé de 4,8%, à 42,98 milliards.
"Je suis impressionné par l'accélération de la croissance organique, surtout dans les marchés émergents", a réagi Jon Cox, analyste de Kepler Cheuvreux, ajoutant qu'à son sens, l'action devrait surperformer le marché.
Elle gagne 2,8% à 68,95 francs en début de matinée. Elle a progressé de près de 3% depuis le début de l'année.
Le 24 juillet, Unilever avait fait état d'un chiffre d'affaires inférieur au consensus au deuxième trimestre, évoquant un ralentissement des marchés émergents et un malaise persistant dans les économies développées.
Et Danone, l'autre grand concurrent européen de Nestlé, avait annoncé quatre jours plus tard un premier semestre pénalisé par les produits laitiers en Europe et la nutrition infantile en Asie, tout en confirmant cependant ses objectifs annuels.
L'annonce du programme de rachat de huit milliards de francs - censé être bouclé d'ici la fin 2015 - intervient six mois après que Nestlé a cédé 8% de capital de L'Oréal à la famille Bettencourt pour 6,5 milliards d'euros.
Le marché attendait un montant de rachat de l'ordre de cinq milliards de francs, selon Jean-Philippe Bertschy, analyste de la banque Vontobel.
L'agroalimentaire est confronté à une guerre des prix dans les marchés développés et à un ralentissement de la demande des pays en développement mais Nestlé résiste bien en investissant dans ses meilleures marques et en se débarrassant de celles dont la performance est médiocre, une stratégie aussi suivie par Unilever et Procter & Gamble.
INVESTIR DANS DE NOUVEAUX SEGMENTS
La croissance des ventes dans les pays émergents, qui représentent 44% des ventes totales de Nestlé, s'est établie à 9,7% au premier semestre, contre 8,2% il y a un an et 8,5% sur le seul premier trimestre.
Les ventes ont crû d'un pourcentage à deux chiffres en Amérique latine avec aussi une bonne croissance en Turquie, au Pakistan, en Afrique et aux Philippines, compensant des conditions plus difficiles en Chine.
Dans les Amériques, premier marché du groupe, les ventes ont augmenté de 4,9%, contre +5,0% il y a un an. La croissance en Europe a accéléré à 1,4% mais les prix continuent d'y baisser.
La marge opérationnelle s'est légèrement détériorée, revenant à 15,0% sur les six premiers mois de l'année, contre 15,1% il y a un an et 15,2% sur l'ensemble de 2013. Ceci s'explique notamment par une hausse des coûts de production.
Nestlé table toujours pour 2014 sur une croissance organique de quelque 5%, le deuxième semestre devant consolider cet objectif.
Le groupe avait commencé l'année au ralenti, la rigueur de l'hiver ayant pesé sur la demande aux Etats-Unis, pays qui représente 25% des ventes de Nestlé, au cours des premiers mois de l'année.
Outre la sélection à laquelle procède Nestlé au sein de ses marques, les investissement vont aussi à de nouvelles activités comme la nutrition et les sciences de la vie.
Nestlé a vendu ses boisons Juicy Juice, l'essentiel de sa gamme diététique Jenny Craig et ses barres énergétiques PowerBar et dit que d'autres cessions pourraient suivre. En revanche il a racheté à Valeant Pharmaceuticals ses traitements des rides injectables pour 1,4 milliard de dollars afin de renforcer son segment soins de la peau après avoir repris à L'Oréal ses parts dans la coentreprise de cosmétique médicale Galderma.
(Wilfrid Exbrayat et Benoît Van Overstraeten pour le service français)