Le ministre britannique des Finances, George Osborne, va se livrer mercredi à un numéro d'équilibriste à six mois des législatives avec sa "déclaration d'automne", destinée à convaincre les électeurs que la politique des conservateurs est la bonne malgré le dérapage du déficit budgétaire.
M. Osborne devait s'exprimer devant la chambre des Communes à partir de 12H30 GMT. Une déclaration présentée par la presse comme la dernière initiative économique majeure du gouvernement conservateur, les mois prochains risquant d'être paralysés par les joutes pré-électorales contre l'opposition travailliste.
Le chancelier de l'Echiquier devrait notamment promettre la poursuite des efforts de maîtrise des comptes publics et reconnaître, au moins à demi-mot, son échec à virtuellement éliminer le déficit d'ici à 2015, promesse du chef du gouvernement David Cameron à son arrivée au pouvoir en 2010.
Les statistiques officielles, révisées mercredi, devraient en effet prévoir un déficit public supérieur à 90 milliards de livres (113 milliards d'euros) pour l'exercice budgétaire en cours, davantage qu'anticipé en mars malgré une croissance sans doute révisée en hausse autour de 3%.
"Nous constatons une forte croissance économique mais les recettes fiscales -particulièrement l'impôt sur le revenu- n'ont pas grimpé autant que prévu", a déjà reconnu l'adjoint de M. Osborne, le secrétaire au Trésor Danny Alexander.
"De nombreux jeunes entrent sur le marché du travail, avec inévitablement des salaires plus bas... ce qui engendre des revenus fiscaux plus faibles", a affirmé M. Alexander, un responsable des libéraux-démocrates, les partenaires des conservateurs au pouvoir, interrogé sur la BBC.
Stagnation de la zone euro voisine, baisse des revenus des gisements pétroliers de mer du Nord à cause de la chute des cours de l'or noir, ralentissement du marché immobilier... les raisons avancées par le pouvoir sont légions pour justifier cet échec. Les travaillistes dénoncent pour leur part la montée du travail "low cost".
Au Parlement, M. Osborne devrait en conséquence appeler à un effort supplémentaire, suggérant de futures coupes dans les dépenses pour écarter le spectre de hausses d'impôts.
Afin de mieux faire passer la pilule, il devrait confirmer plusieurs coups de pouce évoqués ces derniers jours, dont un plan d'investissement dans le réseau routier, des fonds d'urgence pour le service de santé public (NHS) et des aides aux petites et moyennes entreprises.
"Habituellement, la déclaration d'automne n'est guère plus qu'un théâtre où l'on recycle des promesses financières antérieures, mais il y a toujours une place pour des surprises", a averti Rebecca O'Keeffe, analyste à la maison de courtage Interactive Investor.
"Le budget présenté en mars prochain sera trop tardif pour permettre à George Osborne d'influencer le débat public avant les élections, aussi pourrions-nous hériter aujourd'hui de mesures pour contenter les foules et montrer une différence avec les travaillistes", a-t-elle ajouté.