Nicolas Sarkozy, président des Républicains, dénonce une réforme territoriale "ratée", qui a été "menée à l'encontre de tout bon sens" et "fondée sur un postulat: détruire ce que nous avions bâti", dans une interview à Corse matin, à paraître mardi.
"Je crois toujours au canton comme noyau dur de notre architecture institutionnelle locale pour protéger le territoire et garantir la proximité avec les citoyens", affirme M. Sarkozy, interrogé sur son lieu de vacances en Corse.
Mais "pour faire de vraies économies et obtenir une plus grande lisibilité pour nos compatriotes, il fallait que les deux collectivités, région et département, fusionnent, d'où la création du conseiller territorial, à la fois conseiller régional et conseiller général", ajoute M. Sarkozy, à propos de ce projet que lui-même avait fait adopter à la fin de son quinquennat.
"C'était un beau projet, utile et novateur, que François Hollande s'est empressé de faire disparaître, dès son élection", regrette-t-il.
"Quant aux treize nouvelles régions, certaines sont d'une telle taille que ça va à l'inverse du but recherché. Je prends l'exemple de la région Rhône-Alpes-Auvergne. Il faut huit heures de route pour aller d'Aurillac à Val d'Isère et autant d'heures en train pour se rendre à Annecy".
"Cette réforme est ratée car elle a été menée à l’encontre de tout bon sens, le projet de création de vice-présidences déléguées en est par exemple l’illustration", soutient-il.
Concernant la situation économique (croissance et emploi), l'ex-chef de l’État estime qu'"il n'y a aucune chance que les choses s'améliorent en s'entêtant à mener une politique qui est l'exact contraire de tout ce qui fonctionne ailleurs dans l'Europe".
Selon lui, "cela fait trois ans que François Hollande et Manuel Valls nous expliquent que ça va aller mieux, que le chômage va baisser, que la croissance va revenir, que les Français vont payer moins d'impôts. Trois ans qu'ils se trompent ou qu'ils mentent aux Français".
Il affirme également que "la crise avec la Russie coûte des centaines de millions d'euros aux agriculteurs français".
Concernant les éleveurs de porcs, il ajoute que "la crise actuelle est plutôt liée à un problème français de mode de développement, à la structuration de la filière".
"Il faut prendre deux mesures structurelles en urgence, et pas des mesures banales comme le fait le gouvernement : alléger les charges des agriculteurs qui sont considérables, et réduire le poids des normes et des contraintes qui ne les mettent pas sur un pied d’égalité face à leurs concurrents européens. Et je mets ce principe sur la table : aucune règle française qui aille au-delà des règles européennes".