Total, désormais sans son patron charismatique Christophe de Margerie, a vu mercredi ses résultats encore se contracter au troisième trimestre, toujours pénalisés par une production en repli et malgré le rebond du raffinage et les effets encore peu sensibles de la baisse des cours du brut.
De juillet à septembre, le bénéfice net a reculé de 6% à 3,46 milliards de dollars, pour un chiffre d'affaires également en repli de 2% à 60,36 milliards de dollars.
Le résultat net ajusté, mesure très suivie par le marché, et qui exclut des éléments volatils, a baissé de 2% à 3,56 milliards de dollars, s'affichant cependant au dessus des attentes des analystes.
Total a également annoncé le renforcement de son dividende, avec un accompte au titre du troisième trimestre porté à 0,61 euro, contre 0,59 au trimestre précédent.
Les marchés ont plutôt bien reçu ces annonces, avec un cours en hausse de 1,40% à 9H56 peu après l'ouverture de la Bourse de Paris, dans un marché stable (-0,01%).
"Nous avons eu une bonne résistance de l'Amont malgré la baisse des prix du brent et une très bonne performance du raffinage-chimie où toutes les usines ont marché alors même que les marges du raffinage étaient bonnes", s'est félicité Patrick de La Chevardière, directeur financier de Total, lors d'une conférence téléphonique.
Les marges de raffinage en Europe ont ainsi quasiment triplé au troisième trimestre pour atteindre 29,9 dollars la tonne contre 10,4 durant la même période de l'année dernière et 10,9 au deuxième trimestre 2014.
En revanche, la production d'hydrocarbures s'affiche toujours en repli à 2,122 millions de barils équivalent pétrole par jour (mbj), soit une baisse de 8% sur la période, qui s'explique essentiellement par l'expiration d'une licence d'exploitation aux Emirats Arabes Unis.
Cependant, le groupe veut croire à un renversement de tendance, la baisse du bénéfice net et du résultat net ajusté étant moins forte ce troisième trimestre que lors du second (respectivement -8% et -12%).
M. de La Chevardière a aussi souligné que par rapport au deuxième trimestre, la production "est en hausse de 3%", grâce "à l'arrivée à plateau du projet CLOV (Nigeria) en avance sur son planning".
Le groupe compte également sur l'entrée en exploitation comme prévu d'ici la fin de l'année des projets Laggan-Tarnmore (mer du Nord britannique) et Ofon 2 (Nigeria) pour poursuivre le rétablissement de sa production.
Patrick de La Chevardière a estimé qu'elle devrait avoisiner fin 2014 les 2,2 mbj et a confirmé l'objectif de 2,3 mbj pour 2015.
- Impact des cours du brut -
Mais la fin de l'exercice pourrait cependant être pénalisée par la baisse ces dernières semaines des cours du brut.
Si l'effet a été négligeable au troisième trimestre, le prix moyen du pétrole se maintenant à 102 dollars le baril, la conséquence sera plus visible au quatrième trimestre, a prévenu M. de La Chevardière.
Et dans ce contexte, il a rappelé la nouvelle stratégie du groupe de "stricte discipline en matière de coûts, que ce soit d'investissement ou de coûts opératoires", qui sera mise en pratique par Patrick Pouyanné, le nouveau directeur général de Total.
Fin septembre, Total a affiché un objectif de réduction progressive de ses coûts, jusqu'à 2 milliards de dollars par an en 2017 et une baisse de ses investissements jusqu'à 25 milliards de dollars en 2017.
Le groupe se mobilise aussi sur ses projets en développement, 15 doivent voir le jour d'ici 2017, dont Yamal LNG, usine géante de liquéfaction de gaz naturel en Russie par Total (20%) et ses partenaires russes Novatek (60%) et chinois CNPN (20%).
Privé de l'accès au dollar pour financer cet investissement de 27 milliards de dollars, après les sanctions américaines contre la Russie dans la crise ukrainienne, Total espère désormais boucler le nouveau financement "avec des prêteurs chinois, des prêteurs russes et des agences de crédit export, principalement européennes", selon M. de La Chevardière pour un premier tirage en juin 2015.
Par ailleurs, il a estimé qu'une évolution de la participation de 18,2% de Total dans Novatek "reste ouvert(e)", alors que le groupe avait stoppé sa montée au capital après le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines abattu par un missile dans le ciel de l'Ukraine en juillet dernier.