Adieu livres, DVD et canapés. Bonjour horlogerie et activités de plein-air. PPR envisage, à terme, de céder la Fnac et Conforama et en échange réaliser des acquisitions pour se constituer un portefeuille de marques de luxe et grand public dans les vêtements et accessoires.
"C'est beaucoup plus rentable de faire du luxe que de la distribution chez Fnac ou Conforama", relève Chicuong Dang, analyste chez KBL Richelieu.
François-Henri Pinault, qui avait pris les rênes du groupe familial en 2005, a commencé à le reconfigurer avec le rachat en 2007 de l'équipementier sportif allemand Puma, les cessions du Printemps en 2006 et d'YSL Beauté en 2008, et l'introduction en Bourse la semaine dernière de sa filiale CFAO (distribution automobile et pharmaceutique en Afrique).
Dans un entretien au Wall Street Journal mardi, M. Pinault évoque une cession des activités de distribution. "Le plus tôt serait le mieux", estime-t-il, sans donner d'échéance. "Nous voulons transformer le groupe en quelque chose de plus homogène", explique-t-il.
La cession de la Fnac et de Conforama pourrait rapporter entre 4 et 5,9 milliards de dollars, selon le quotidien.
M. Pinault souhaite réinvestir cet argent dans des acquisitions notamment dans le domaine des accessoires, afin de créer une unité grand public faisant davantage écho à ses marques de luxe. Il évoque par exemple un intérêt pour une marque d'activités de plein-air et de sports de rue.
Aucun processus de cession n'est engagé à court terme, a souligné une porte-parole du groupe. Pour PPR, l'inconvénient de la distribution, c'est la difficulté à la développer à l'étranger.
Actuellement, PPR est composé de six pôles: Conforama (ameublement), Fnac (biens culturels), Redcats (vente à distance), Gucci Group (luxe), CFAO, et Puma.
Pour la Fnac, Redcats et Conforama, "la Bourse fait partie des options, mais elles n'ont pas toutes vocation à être cotées", avait souligné M. Pinault dans un autre entretien, aux Echos.
Le groupe contrôle à plus de 70% la distribution de Gucci, Bottega Venetta et Yves Saint Laurent, développe le réseau de Balenciaga et ambitionne de porter la part des ventes de Puma réalisée directement par PPR à environ 30 à 40% contre 18% actuellement. Il aimerait aussi se développer dans "la haute horlogerie".
La Fnac et Conforama subissent une très forte pression, observe un analyste d'un cabinet de consultants. Il cite pour la Fnac la concurrence de l'internet mais aussi la perspective à terme d'extinction de certains produits avec la dématérialisation; pour Conforama, une concurrence exacerbée avec notamment Ikea qui a pris le leadership des ventes d'ameublement en France.
"Les perspectives de croissance de ces enseignes sont extrêmement faibles. La seule voie de sortie, c'est l'internationalisation", qui a été tentée avec des "résultats mitigés" selon les pays, estime-t-il.
Toutefois, le chiffre d'affaires de la Fnac "reste satisfaisant" tout comme son niveau de rentabilité "grâce à une croissance organique forte", selon lui.
La Fnac a été le seul pôle en croissance au troisième trimestre avec une hausse de ses ventes de 0,4% à 977 millions d'euros, tandis que les ventes de Conforama chutaient de 9,5% à 748 millions d'euros.
PPR pourrait trouver preneur parmi des "concurrents internationaux qui ont une taille mondiale critique mais qui n'arrivent pas à capter le marché français" et qui seraient intéressés par ses réseaux, relève-t-il.