PARIS (Reuters) - La confiance des ménages s'est effondrée en France en avril, enregistrant une baisse sans précédent sur fond d'inquiétudes de la population sur l'évolution du contexte économique global, de leur situation financière personnelle et du chômage dans un pays à l'arrêt en raison du confinement décrété face à l'épidémie de nouveau coronavirus.
Selon les données publiées mardi par l'Insee, l'indicateur synthétisant cette confiance a chuté de huit points en avril - sa plus forte baisse mensuelle depuis le début de la série en 1972 - pour s'établir à 95.
Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient à une baisse encore plus franche, puisqu'ils tablaient en moyenne sur une chute de 20 points.
Cet indicateur retrouve ainsi son niveau de février 2019, à un moment où le mouvement de contestation des Gilets jaunes pesait encore largement sur le moral des ménages.
L'enquête d'avril, réalisée du 27 mars au 18 avril alors que celle de mars avait pour l'essentiel été réalisée avant l'instauration du confinement le 17 mars, reflète une dégradation marquée de l'opinion des ménages à la fois sur leur situation personnelle et sur la situation économique générale.
Ils se montrent particulièrement pessimistes sur l'évolution attendue du niveau de vie général en France, le solde d'opinion correspondant enregistrant une baisse sans précédent pour s'établir au plus bas niveau jamais atteint depuis le début de l'enquête, souligne l'Insee.
Leurs craintes concernant l'évolution du chômage bondissent également très fortement, pour atteindre un niveau inégalé depuis juillet 2015, c'est-à-dire au moment du pic du taux de chômage en France.
De fait, le nombre de demandeurs d'emploi n'exerçant aucune activité a connu une hausse historique de 7,1% en France en mars, soit près de 250.000 personnes, selon les données publiées lundi par le ministère du Travail et Pôle emploi.
S'y ajoutent de fortes inquiétudes des ménages français sur leur situation financière future: le solde d'opinion correspondant enregistre lui aussi sa plus forte baisse depuis la création de l'enquête et retrouve son niveau de mai 2014.
Dans ce contexte de crise sanitaire doublée d'une crise économique, la proportion de ménages jugeant opportun d'effectuer des achats importants chute lourdement et atteint son plus bas niveau depuis la création de l'enquête, tandis que les Français se montrent légèrement plus confiants sur leur capacité d'épargne actuelle mais légèrement plus pessimistes sur leur capacité d'épargne future.
En dépit des pertes de revenus enregistrées par certains ménages, les économistes s'attendent à une augmentation ponctuelle du taux d'épargne des ménages du fait de la baisse de la consommation pendant le confinement.
Mais une inversion de l'arbitrage entre épargne et consommation - traditionnel moteur de la croissance de l'économie française - nécessitera dans les prochains mois que les Français soient moins attentistes et passera donc par une amélioration de la confiance des ménages à l'égard de la situation économique.
(Myriam Rivet, édité par Blandine Hénault et Henri-Pierre André)