Qui dit cryptomonnaie pense, souvent, au bitcoin. Or, il existe actuellement quelque 1.400 autres devises virtuelles, et des dizaines se créent chaque semaine, à un rythme qui fait frémir de nombreux experts et acteurs de la finance.
Le bitcoin reste la devise virtuelle la plus médiatique, et celle qui pèse le plus lourd, avec plus de 200 milliards d'euros de capitalisation, mais ce n'est pas la plus rentable, loin de là.
Avec un bond de 1.318% en 2017, la référence des cryptomonnaies ne figure même pas dans le top 10 des meilleures performances de l'année écoulée.
La médaille d'or revient au ripple, cryptomonnaie qui a affiché 36.000% de croissance en 2017 et qui a franchi en début d'année le cap des 100 milliards d'euros de capitalisation - autant que L'Oréal, troisième plus grosse capitalisation du CAC 40.
"Son cours a bondi lorsqu'un journal a annoncé qu'une centaine d'institutions financières allaient utiliser leur système" technologique, explique Alexandre Stachtchenko, co-fondateur de Blockchain Partner, cabinet de conseil spécialisé sur le sujet.
Cela ne veut pas dire que les banques vont adopter la monnaie elle-même, sinon marginalement. Ce qui fait dire à Alexandre David, fondateur et président d'Eureka Certification, spécialiste du secteur, que la valeur du ripple "est purement spéculative".
Autre critique: la concentration de cette devise virtuelle, puisque quinze personnes en détiendraient entre 60 et 80%. Parmi elles, l'un de ses créateurs, Chris Larsen.
A en croire le classement du magazine Forbes, sa richesse, toute virtuelle, lui a brièvement permis en début d'année de ravir au fondateur de Facebook (NASDAQ:FB) Mark Zuckerberg le rang de cinquième fortune des Etats-Unis.
Autre nom en vue: l'ether. Derrière cette unité de compte, l'"ethereum", un protocole d'échanges créé en 2009 par un jeune programmeur de 19 ans, et jugé prometteur par certains spécialistes.
Une quarantaine de devises virtuelles a désormais franchi le seuil du milliard d'euros de capitalisation, alors qu'elles n'étaient que sept il y a 6 mois. Certaines, comme Cardano, pèsent même 15 milliards d'euros trois mois après leur création.
- 'Cela va mal finir' -
Pour se distinguer les unes des autres, les cryptomonnaies misent sur la sécurité informatique - par exemple Cardano, qui se veut particulièrement fiable - ou encore sur les objets connectés - IOTA , qui vise à ce que des "machines se comprennent entre elles et soient capables de s'envoyer de la valeur, de l'argent, sans passer par un humain ou un tiers centralisé", détaille M. Stachtchenko.
D'autres mettent en avant l'anonymat (Monero), l'émission d'actions et d'obligations (NEM) ou encore la vitesse de confirmation des transactions (Litecoin). "Il faut bien comprendre qu'il est impossible, pour une cryptomonnaie, d'être la meilleure pour tous les cas d'usage" conclut-il.
Les mises en garde affluent sur cette flambée spéculative, venant des plus grands noms de la finance mondiale comme des autorités de régulation.
Mercredi, l'investisseur milliardaire américain Warren Buffett, considéré comme l'oracle des marchés, a ainsi asséné: "je peux dire avec quasi-certitude que tout cela va mal finir". "Nous n'en possédons aucune, nous ne parions pas sur leur baisse, nous n'investirons jamais" dans ces cryptomonnaies, a-t-il martelé.
Et jeudi, le gouvernement sud-coréen a déclenché une tempête sur le marché en annonçant que Séoul se préparait à interdire les plateformes d'échange de monnaies cryptographiques, avant de faire machine arrière.
Dans l'immédiat, les secousses devraient se poursuivre sur ce marché instable, alternant accès de fièvre et glissades brutales. "Lorsque les bonus de Wall Street seront versés sur les comptes en banque le 15 janvier, j'imagine une ruée épique" sur les devises virtuelles, spéculait par exemple récemment sur Twitter (NYSE:TWTR) Meltem Demirors, dirigeante d'une société d'investissement spécialisée dans le secteur (Digital Currency Group).