PARIS (Reuters) - Les professions libérales, après les agents de la RATP, se sont mobilisées en nombre lundi en France contre le projet de réforme des retraites qui unifiera en 2025 l'ensemble des régimes, dénonçant "un hold-up d'Etat sur leurs réserves cotisées".
A Paris, plusieurs milliers de personnes ont défilé dans l'après-midi entre la place de l'Opéra et la place de Nation à l'appel du collectif "SOS Retraites", qui réunit, à l'initiative des avocats, 14 professions libérales auxquelles se sont joints notamment les pilotes de ligne, stewards et hôtesses de l'air.
Il estime que les propositions du Haut commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye aboutiraient à "supprimer ces régimes, à faire un hold-up d'Etat sur leurs réserves cotisées et à majorer le coût du maintien des retraites à leur niveau actuel, voire doubler les cotisations retraites versées par certaines de ces professions".
Pour le Conseil national des barreaux (CNB), toutes ces professions aux régimes autonomes seront confrontées à "une équation infernale" à partir de 2025, lors de la fusion des 42 régimes existants : hausse des cotisations, baisse des pensions et "confiscation des réserves qu'elles ont constituées pour disposer d'un fonds de garantie".
Le projet de réforme prévoit d'instituer un régime unique à points.
Pour le cas spécifique des avocats, Jean-Paul Delevoye propose de porter le taux de cotisation - autour de 14% actuellement - à 28,12% pour la première tranche de revenus allant jusqu'à 40.000 euros, puis de redescendre à 12,94% pour une deuxième tranche jusqu'à 120.000 euros. "C'est la mort économique programmée pour les petits cabinets", craint le CNB.
Les médecins s'inquiètent quant à eux d'une mainmise du gouvernement sur leur manne de sept milliards d'euros.
"Nous, on doit tout payer de notre poche, les Urssaf, notre caisse de retraite. Nous ne sommes pas des salariés, nous n'avons pas de congés payés, nous devons payer toutes nos assurances, donc la justice n'est pas très juste dans l'histoire", témoignait Astrid Perrin, kinésithérapeute libérale, au sein du cortège parisien.
Le SNPL, principal syndicat chez les pilotes, a accepté le principe du régime universel par points, en dépit d'une baisse probable du taux de rendement de leur régime. Il réclame en contrepartie un régime complémentaire par répartition pour les personnes percevant un salaire supérieur à 120.000 euros.
"On veut continuer à payer nos anciens, on veut rester solidaires les uns des autres", souligne Olivier Rigazio, membre du bureau exécutif du SNPL.
La fronde sociale grandit contre la réforme phare du second acte du quinquennat d'Emmanuel Macron.
Force ouvrière prévoit un rassemblement national à Paris le 21 septembre, la CGT, Solidaires et la FSU appellent à manifester le 24 septembre.
(Sophie Louet avec Service France et Antony Paone, édité par Jean-Michel Bélot)