Investing.com – Dans ce qui constitue un nouveau témoignage de l’aversion de la BCE pour les cryptomonnaies, Fabio Panetta, membre du conseil d'administration de la Banque centrale européenne, a tenu un discours hier dans lequel il a méthodiquement décrit les défauts et les effets néfastes sur l’économie du Bitcoin et autres cryptomonnaies.
Les cryptomonnaies sont « la bulle d'une génération » qui est « vouée à l’éclatement », et ne sont qu’une « nouvelle façon de jouer » a-t-il expliqué.
Pour étayer son opinion, il a notamment mis en avant 3 arguments : L’inutilité des cryptos d’un point de vue social, le risque que représentent l’illusion de sécurité des stablecoins, et le danger du fort effet de levier utilisé par les traders crypto.
Les cryptos sont inutiles d’un point de vue social et néfastes d’un point de vue environnemental
Panetta a donc relevé que « les crypto-actifs non adossés ne remplissent aucune fonction socialement ou économiquement utile », soulignant qu’ « ils ne sont pas utilisés pour les paiements » car ils sont tout « trop volatils et inefficaces ».
Les cryptos sont par contre « largement utilisées pour des activités criminelles et terroristes, ou pour échapper à l'impôt » selon lui.
Panetta a également souligné que les cryptomonnaies « peuvent causer d'énormes dégâts environnementaux ».
Il a ainsi estimé que « les actifs crypto jugés comme ayant une empreinte écologique excessive devraient être interdits », faisant référence aux cryptos telles que le bitcoin qui utilisent un mécanisme de sécurisation du réseau par "preuve de travail", très énergivore.
L’illusion de sécurité des stablecoins
Le second défaut majeur des cryptomonnaies relevé par Panetta concerne « la prétendue stabilité des stablecoins, sur laquelle l'ensemble de l'écosystème crypto s'est appuyé ».
Il a expliqué que les stablecoins « attirent les utilisateurs parce que, contrairement aux crypto-monnaies non adossées, elles offrent une certaine stabilité, leur valeur étant liée à un portefeuille d'actifs », faisant la distinction avec les stablecoins algorithmiques, qui « visent à faire correspondre l'offre et la demande pour maintenir une valeur stable ».
En référence au crash du stablecoin TerraUSD plus tôt cette année, Panetta en cependant asséné que « les stablecoins ne sont stables que de nom », soulignant que même le Tether, leader des stablecoins, a « perdu temporairement son ancrage dans le contexte de la tension qui a suivi sur le marché », ce qui selon lui montre que « même pour les stablecoins garantis, les risques ne peuvent être éliminés facilement ».
Le risque de l’effet de levier démesuré offert aux traders cryptos
Enfin, la troisième faiblesse structurelle des cryptos relevée par Penetta « est le fait que les marchés crypto peuvent avoir un effet de levier et des interconnexions incroyablement élevés ».
Il a souligné que « les bourses de crypto-monnaies permettent aux investisseurs d'augmenter leurs expositions jusqu'à 125 fois l'investissement initial », expliquant que « lorsque des chocs surviennent et que le désendettement est nécessaire, ils sont contraints de se défaire de leurs actifs, ce qui exerce une forte pression à la baisse sur les prix ».
Panetta a aussi déploré les mécanismes sur lesquels reposent cet effet de levier, avec « la surcollatéralisation omniprésente adoptée dans les prêts DeFi pour compenser les risques posés par les emprunteurs anonymes ».
Il a en effet expliqué que des « fonds empruntés peuvent être réutilisés comme garantie dans des transactions ultérieures, ce qui permet aux investisseurs d'accumuler des expositions importantes », soulignant que « ce sont précisément les dynamiques que nous avons vues à l'œuvre dans les récentes défaillances de crypto », faisant ici référence à la faillite de FTX.