LYON (Reuters) - Le cardinal archevêque de Lyon a relevé vendredi de ses fonctions un prêtre qui a comparé les assaillants de la salle de concert du Bataclan, le 13 novembre à Paris, et leurs victimes, en les qualifiant de "frères siamois"
Ce prêtre, le père Hervé Benoît, officie à la basilique de Fourvière, à Lyon. Il avait fait cette comparaison dans une tribune publiée par le site catholique traditionaliste "Riposte Catholique".
Mgr Philippe Barbarin explique sa décision dans un communiqué intitulé "Pleurez avec ceux qui pleurent".
"Après avoir pris le temps de le rencontrer et de l'écouter, j'ai décidé, en accord avec son évêque, Mgr Armand Maillard, de le relever de ses différentes charges pastorales dans le diocèse de Lyon", écrit-il. Il a demandé au père Benoît de se retirer immédiatement dans une abbaye "pour prendre un temps de prière et de réflexion".
"Dans le contexte qui est le nôtre, il n'est pas acceptable que des chrétiens, à plus forte raison des prêtres, ne s'appliquent pas toujours et le plus possible à maintenir entre les hommes la paix et la concorde fondée sur la justice", souligne Mgr Barbarin.
Le 23 novembre, lors des obsèques de la lyonnaise Caroline Prenant, 24 ans, une des victimes du Bataclan, il avait dénoncé dans son homélie "la barbarie" des attentats du 13 novembre. En marge de cette cérémonie, il s'était dit consterné par la tribune publiée trois jours avant.
Il avait dit vouloir rencontrer le père Benoît pour évoquer avec lui cette prise de position. Depuis lors, la tribune a suscité une polémique grandissante sur les réseaux sociaux et fait l'objet d'une pétition transmise au pape François.
Dans ce texte intitulé "Les aigles (déplumés) de la mort aiment le diable", allusion au nom de groupe qui se produisait ce soir-là au Bataclan, "Eagles of Death Metal", et à une de leurs chansons "Kiss the Devil", le prêtre écrivait notamment :
"Regardez les photos de spectateurs quelques instants avant le drame. Ces pauvres enfants de la génération bobo, en transe extatique (...) Ce sont des morts-vivants. Leurs assassins, ces zombies hashishins, sont leurs frères siamois. Même déracinement, même amnésie, même infantilisme, même inculture."
(Catherine Lagrange, édité par Emmanuel Jarry)