par Myriam Rivet
PARIS (Reuters) - L'économie française devrait accélérer en fin d'année sous l'impulsion d'un rebond de la consommation des ménages et ce d'autant plus que le ralentissement intervenu depuis le printemps a été un peu plus marqué que prévu, selon les données publiées vendredi par l'Insee.
L'Insee a confirmé que le produit intérieur brut (PIB) France avait bien renoué avec une timide croissance de 0,2% au troisième trimestre après son trou d'air de -0,1% au printemps.
Mais de légères révisions à la baisse sur plusieurs composantes, notamment la production agricole du fait d'une météo défavorable, l'ont amené à revoir l'acquis de croissance à fin septembre pour toute l'année à 1,0% contre 1,1% auparavant.
A ce niveau, la hausse du PIB 2016 de la France serait limitée à +1,1% si, comme le prévoient l'Insee et la Banque de France, il progresse de 0,4% au dernier trimestre.
Elle se situerait alors nettement en deçà de l'objectif, pourtant revu à la baisse, de 1,4% retenu par le gouvernement.
Mais l'Insee a aussi publié vendredi un chiffre de la consommation des ménages en biens pour le mois de novembre en hausse de 0,4%, là où les économistes l'attendaient en légère baisse (-0,1%).
Ce moteur traditionnel de l'économie française, qui a fait défaut à la croissance au printemps et cet été, est attendu plus dynamique en fin d'année, d'autant plus que le pouvoir d'achat des ménages a nettement accéléré au troisième trimestre (+0,6% après +0,2%).
Venant après une hausse de 0,8% en octobre, la hausse de la consommation de novembre s'ajoute à une série d'autres indicateurs positifs.
Le ministère du Logement a ainsi publié des chiffres toujours dynamiques pour les mises en chantier de logements et les permis de construire, ceux-ci atteignant le mois dernier un nouveau plus haut depuis juin 2013.
La tendance pour le quatrième trimestre est également bien orientée du côté des entreprises, en témoigne la nette amélioration du climat des affaires dans les enquêtes publiées par l'Insee mi-décembre.
Les chiffres de l'emploi intérimaire publiés vendredi par Prism'emploi viennent s'ajouter à ce tableau, avec une nouvelle accélération du rythme de progression des effectifs, à +9,5%.
INQUIÉTUDES POUR 2017
Mais l'horizon à long terme semble moins favorable, notamment en raison de la stabilité des marges des entreprises relevée par l'Insee au troisième trimestre, à 31,5%, et de la stagnation de l'investissement des entreprises.
Dans la période récente, le redressement du taux de marge des entreprises a été alimenté par des facteurs circonstanciels comme la baisse du prix du pétrole, le recul des taux d'intérêt et des mesures type crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) ou suramortissement des investissements, explique Axelle Lacan, économiste de l'institut COE-Rexecode.
"Mais on voit aujourd'hui que ce redressement des taux de marge s'essouffle et donc se pose la question de la dynamique à venir de l'investissement des entreprises", estime-t-elle.
Elle pourrait pénaliser une demande intérieure qui pâtira déjà l'an prochain d'un freinage de la consommation des ménages sous l'effet du tassement de leur pouvoir d'achat lié à la remontée des prix du pétrole.
Au troisième trimestre, la contribution de la demande intérieure à la croissance est restée limitée, même si elle a été révisée en légère hausse (+0,2 point contre +0,1).
Le commerce extérieur, dont la contribution négative s'est établie à -0,6 point, pourrait en revanche dans les prochains mois bénéficier de la dépréciation de l'euro.
"On s'attendait en 2017 à voir disparaître à la fois les effets du pétrole pas cher, des taux d'intérêt bas et de l'euro faible. Mais finalement, l'euro joue plutôt les prolongations donc, pour notre commerce extérieur, ça pourrait être un élément un peu plus favorable que ce qu'on anticipait il y a encore quelques mois", observe Axelle Lacan.
Globalement, l'économiste s'attend donc à "du mieux fin 2016" mais émet "quelques craintes sur l'année 2017 compte tenu du changement d'environnement, qui malheureusement ne s'accompagne pas d'un renforcement de la dynamique intrinsèque de l'économie française."
(édité par Yann Le Guernigou)