La banque centrale américaine (Fed) a estimé mercredi que l'activité économique américaine s'était "redressée", mais qu'elle devrait rester encore "faible" pendant un certain temps, justifiant ainsi le maintien d'une politique monétaire exceptionnelle.
Comme prévu, le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a décidé de maintenir le taux directeur de la banque centrale dans la fourchette de fluctuation de 0 à 0,25% qui lui est assignée depuis la mi-décembre.
"Les renseignements reçus depuis que le FOMC s'est réuni en août laissent penser que l'activité économique s'est redressée après sa chute grave", écrit le Comité dans le communiqué final rendant compte d'une réunion de deux jours à Washington.
Ce passage enterre définitivement la récession américaine entamée en décembre 2007. Les décisions du FOMC ayant été approuvées à l'unanimité de ses membres, il témoigne d'une unité de point de vue autour du diagnostic posé le 15 septembre par le président de la Fed, Ben Bernanke. Celui-ci avait alors estimé que la récession était terminée.
D'une manière générale, les économistes sont d'accord pour dire que les Etats-Unis devraient avoir renoué avec la croissance au cours des trois mois d'été, après quatre trimestres consécutifs de recul du PIB.
Pour autant, la Fed s'en tient à son scénario maintes fois répété: la reprise sera lente, et la remise en route des capacités de production considérables laissées en plan ne sera que "progressive".
Le Comité estime toujours que la faiblesse de l'activité devrait "garantir un niveau extrêmement bas pour le taux de l'argent au jour le jour pendant une longue période". C'est un message à ceux qui s'inquiéteraient de voir la Fed resserrer sa politique monétaire trop tôt: il n'y aura pas de hausse du taux directeur avant un certain temps.
Concernant l'avenir, le FOMC reste déterminé à employer "une large palette d'outils pour promouvoir la reprise économique et assurer la stabilité des prix".
Le Comité signale ainsi qu'il pense déjà à la sortie de crise puisqu'il était jusque-là engagé à employer "tous les outils à sa disposition" pour atteindre cet objectif double.
Néanmoins, il n'est pas question de cesser de soutenir l'économie: le Comité va prolonger jusqu'à la fin du premier trimestre 2010 ses programmes de rachats de titres émis par les organismes de refinancement hypothécaires parapublics.
Dotés d'une force de frappe de 1.450 milliards de dollars, ces programmes ont pour but ultime de faire baisser le coût des emprunts immobiliers en faisant baisser les taux à long terme.
Concernant l'un de ces deux programmes, celui portant sur les rachats de titres adossés à des actifs immobiliers, le FOMC indique même qu'il compte les pousser jusqu'au plafond de 1.250 milliards de dollars défini en mars.
Pour promouvoir une transition en douceur sur les marchés, la banque centrale prévoit de "ralentir progressivement" le rythme de ses achats afin de les étaler dans le temps.
Pour Elsa Dargent, de Natixis, "le communiqué (du FOMC) est plus optimiste --la récession est terminée--, mais l'économie américaine a besoin d'un soutien prolongé pour assurer le +renforcement de la croissance+".
"Il réaffirme que la Fed est à des lieues de mettre en oeuvre une stratégie de sortie", estime Sal Guatieri, de BMO Capital Markets.
Pour Adolfo Laurenti, de Mesirow Financial, les dirigeants de la Fed "ne sont pas sûrs de la force de la demande" privée, raison pour laquelle "ils évoluent doucement".