par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Kering (PARIS:PRTP) a publié mardi des résultats 2014 en baisse pour la deuxième année consécutive, affectés par des effets de change défavorables et la contre-performance de Gucci, son principal centre de profit en perte de vitesse.
Pour 2015, le groupe également propriétaire de Bottega Veneta ou Puma, a fait savoir que les évolutions des devises pourraient avoir un impact favorable sur ses ventes mais pourraient peser sur sa marge opérationnelle au premier semestre en raison du coût de ses couvertures de changes.
Gucci, qui pèse pour plus de 60% du résultat opérationnel du groupe, a vu ses ventes encore reculer (-0,5% à taux de change constants) au quatrième trimestre, soldant l'année sur une baisse de 1,1%. Le résultat opérationnel de la griffe florentine recule de 6,7% et sa rentabilité baisse fortement à 30,2%, contre 31,8% en 2013.
A la peine depuis deux ans, Gucci souffre d'un repositionnement drastique sur des produits haut de gamme qui n'est pas en phase avec les attentes de sa clientèle, d'un manque de créativité et d'un réseau de distribution insuffisamment attractif.
Pour relancer la griffe, Kering a remplacé son duo de tête en décembre. Mais le choix d'Alessandro Michele, ancien bras droit de la directrice artistique Frida Giannini, laisse certains observateurs perplexes quant à la capacité de Gucci à retrouver son statut de "faiseuse de tendance".
Par contraste, Louis Vuitton, filiale de LVMH a accéléré la cadence en fin d'année, porté notamment par le souffle créatif insufflé par Nicolas Ghesquière et récoltant les fruits d'un pilotage réussi entre les sacs d'entrée de gamme et les produits à plus de 2.000 euros.
SAINT LAURENT BRILLE
Deuxième marque de luxe de Kering par la taille mais première par la rentabilité, Bottega Veneta, très exposée à Hong Kong où les flux touristiques chinois ont chuté pour cause de remous politiques, a ralenti la cadence au 4e trimestre (+6,8% après +15%), bouclant cependant l'année sur une très solide croissance organique de 12,6%.
Saint Laurent a poursuivi sa brillante trajectoire avec une croissance organique de 27,2% sur l'année. Relancée par Hedi Slimane, la marque a doublé de taille en l'espace de trois ans.
Interrogé sur l'avenir du chausseur Sergio Rossi, qui fait l'objet de rumeurs de vente depuis plusieurs années, le directeur financier de Kering, Jean-Marc Duplaix, a indiqué lors d'une conférence téléphonique que le groupe regardait "toutes les options".
L'équipementier sportif Puma, en plein repositionnement sur son coeur de métier -les chaussures de sport- a stoppé le déclin de ses ventes mais sa rentabilité reste encore à la peine.
"Les résultats sont globalement en ligne. Seule une accélération de Gucci et la perspective de voir Kering transformé en 'pure player' du luxe pourraient faire progresser la valeur", commente Luca Solca, analyste d'Exane BNP.
Les ventes du groupe ont totalisé 10,04 milliards d'euros sur l'année 2014, en ligne avec le consensus Reuters de 10,05 milliards, signant une hausse de 4,0% en données publiées et de 4,5% à taux de changes constants.
Le résultat opérationnel courant a reculé de 5% à 1,66 milliards d'euros en 2014, un chiffre légèrement inférieur aux 1,69 milliard du consensus Thomson Reuters I/B/E/S.
Le résultat net récurrent part du groupe a reculé de 4,4% à 1,18 milliard d'euros et le dividende proposé a été porté à 4,0 euros contre 3,75 euros un an auparavant.
(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)