La Bourse de Paris a terminé lundi à son plus bas niveau depuis le début de l'année, plombée par les incertitudes du scrutin présidentiel français, la démission du Premier ministre aux Pays-Bas, des indicateurs de mauvais augure en zone euro et le repli de Wall Street.
A la clôture, l'indice parisien CAC 40 a perdu 2,83% (90,21 points), pour passer sous la barre des 3.100 points à 3.098,37 points, dans un volume d'échange de 3,73 milliards d'euros.
Les autres grandes places européennes ont terminé également en fort repli: à Londres le Footsie a cédé 1,85% et à Francfort le Dax a abandonné 3,36% alors que l'Eurostoxx 50 lâchait 2,87%.
Dans une journée dépourvue de statistique américaine, l'ouverture en nette baisse de Wall Street a accentué la tendance négative à Paris.
"Le scrutin français s'ajoute à une défiance envers la zone euro qui pèse sur les marchés. Les autres marchés européens ayant également fortement reculé", a observé Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse.
"L'instablité politique en Europe pèse sur le marché avec les incertitudes sur l'issue du scrutin en France et la crise politique aux Pays-Bas qui a pris les marchés par surprise et créé un élément supplémentaire d'incertitude", a expliqué Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.
Cette élection se tient en effet alors que les marchés se demandent comment les déficits pourront être réduits comme prévu en zone euro en l'absence de croissance.
Les Pays-Bas ont d'ailleurs échoué samedi à s'entendre sur la réduction du déficit, ce qui fait peser un risque sur le pays et va entraîner la démission du Premier ministre Mark Rutte.
Les indicateurs économiques en zone euro ont également été décevants, avec une forte contraction de l'activité du secteur privé en avril, au plus bas niveau en cinq mois, ce qui laisse penser que les pays de l'Union monétaire pourraient traverser une récession plus longue que prévu.
Il reste que "le premier tour de l'élection présidentielle française n'a pas délivré de message clair, ce qui pourrait accroître les inquiétudes sur la situation de la France", estiment les stratégistes du Crédit Mutuel-CIC.
Le second tour en France se disputera entre le socialiste François Hollande, arrivé en tête dimanche, et le président sortant UMP Nicolas Sarkozy.
"Il y a forcément une incertitude sur le second tour, quant à la politique qui sera menée, le rapport avec l'Allemagne et l'éventuelle renégociation sur le traité européen", explique Renaud Murail.
La victoire de M. Hollande priverait en effet la chancelière allemande Angela Merkel de son principal partenaire dans la gestion de la crise ces dernières années, observent plusieurs analystes.
"Ce qui est étonnant, c'est que le marché n'ait pas plus anticipé les résultats. Or les Anglo-Saxons sont en train de se rendre compte que le candidat socialiste peut arriver au pouvoir", explique M. Marçais.
De l'avis des analystes, les tensions sur le marché français pourraient perdurer, même au-delà du résultat du second tour, jusqu'aux premiers engagements budgétaires du nouveau gouvernement.
Du côté des valeurs, les financières et les industrielles pesaient sur la tendance.
Société Générale perdait 3,90% à 16,62 euros, BNP Paribas 4,07% à 28,40 euros et Crédit Agricole 3,57% à 4,47 euros.
Par ailleurs, ArcelorMittal a cédé 5,33% à 12,24 euros, STMicrolectronics 13,80% à 4,30 euros et Renault 5,06% à 33,70 euros.
Danone (+1,34% à 53,13 euros) a été une des rares valeurs en hausse, portée par la perspective d'une possible montée dans le japonais Yakult Honsha, ce qui laisse penser qu'il ne renchérira pas sur la division infantile de Pfizer.
Essilor a peu fléchi (-0,34% à 63,81 euros) après une recommandation favorable de la banque UBS, tout comme Safran (-0,12% à 25,00 euros) grâce à une note positive de Deutsche Bank.
GDF Suez a perdu 2,68% à 18,18 euros, sans changer de tendance après avoir dévoilé des résultats en nette progression au premier trimestre.