PARIS (Reuters) - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est attendu dimanche à Paris pour une cérémonie de commémoration de la rafle du Vél d'Hiv de juillet 1942 qui sera suivie d'un "entretien de travail" à l'Elysée avec Emmanuel Macron, désireux de contribuer à la relance d'un processus de paix moribond.
Les deux dirigeants, qui seront accompagnés de leurs épouses, se retrouveront dans la matinée Quai de Grenelle, dans le XVe arrondissement, pour assister à la cérémonie de "commémoration des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français et d’hommage aux Justes de France".
Après un dépôt de gerbes, une sonnerie "aux Morts" et l'observation d'une minute de silence, Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahu feront successivement une déclaration, square des Martyrs juifs du Vél d’Hiv.
Il y a 75 ans, plus de 13.000 hommes, femmes et enfants juifs étaient arrêtés par la police française les 16 et 17 juillet Paris et dans sa banlieue puis parqués dans le Vélodrome d'Hiver avant d'être envoyés dans des camps de concentration.
Longtemps passée sous silence dans la France de l'après-guerre, la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des Juifs a été reconnue en 1995 par le président Jacques Chirac, qui rompait alors avec la position de ses prédécesseurs.
A l'issue de la cérémonie, les deux dirigeants, qui avaient eu un échange informel le 1er juillet en marge des funérailles de l'ex-chancelier allemand Helmut Kohl à Strasbourg, se rendront à l'Elysée pour un entretien suivi d'une déclaration conjointe.
Outre les sujets bilatéraux, l'échange devrait consacrer une part importante au conflit israélo-palestinien et aux questions régionales, notamment la Syrie et l'Iran, souligne-t-on à l'Elysée.
TENSIONS TOUJOURS VIVES
Emmanuel Macron, qui était resté relativement en retrait pendant la campagne présidentielle sur le dossier israélo-palestinien, a reçu début juillet le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à l'Elysée.
Le chef de l'Etat a fait savoir à cette occasion qu'il entendait participer aux efforts diplomatiques visant à raviver un processus de paix au point mort depuis avril 2014.
Dimanche, Emmanuel Macron fera part au Premier ministre israélien de "l'inquiétude" de la France "face à l’accélération de la colonisation" et encouragera "la discussion et la reprise des négociations entre les parties", indique l'Elysée.
Signe des tensions toujours vives, deux policiers israéliens ont été tués vendredi matin dans la vieille ville de Jérusalem par trois Arabes Israéliens qui ont été abattus par les forces de sécurité.
Sous la présidence de François Hollande, la France s'est activée en coulisses pour tenter de relancer les discussions. Paris a notamment accueilli en juin 2016 puis en janvier 2017 une conférence internationale sur cette question.
Cette initiative avait suscité l'ire d'Israël, hostile à la tenue de discussions multilatérales. Benjamin Netanyahu avait notamment fustigé en janvier "une conférence truquée par les Palestiniens sous les auspices de la France, visant à adopter de nouvelles positions anti-israéliennes" et dénoncé une initiative visant à faire "reculer la paix".
Confirmée la semaine dernière par Paris, la visite du Premier ministre israélien en France est vivement dénoncée par le Parti communiste français.
"La commémoration de la Rafle du Vél d'Hiv se doit de porter un message fort de paix, de lutte déterminée contre l'antisémitisme, contre toutes les formes de racisme et de haine dont étaient porteurs le régime nazi et ses collaborateurs français", souligne le parti dans un communiqué. "Benjamin Netanyahu n'est pas l'homme de ce message."
(Marine Pennetier, édité par Elizabeth Pineau)