par Emmanuel Jarry
PARIS (Reuters) - Les autorités françaises ont décidé vendredi d'interdire une manifestation contre l'intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza, prévue samedi après-midi à Paris, dont les organisateurs ont immédiatement déposé un recours.
Le ministre de l'Intérieur a expliqué que ces derniers étaient les mêmes que ceux du rassemblement du 19 juillet, qui avait été interdit mais s'est cependant tenu, à Barbès, dans le XVIIIe arrondissement, et a donné lieu à des débordements.
"Par ailleurs, on propose un trajet, à partir de la République, qui est un trajet à haut risque", a ajouté Bernard Cazeneuve sur RTL.
Il a invoqué le "contexte de grande émotion" créé par la catastrophe du vol AH5017 d'Air Algérie, qui a coûté la vie à 54 Français dont les familles seront reçues samedi par François Hollande, pour souhaiter une "journée de responsabilité et de recueillement."
Les organisateurs contestent les raisons de sécurité invoquées, alors qu'un défilé pro-palestinien autorisé s'est déroulé sans incident majeur mercredi. Ils ont déposé un recours en référé auprès du tribunal administratif et se disent prêts à aller au Conseil d'Etat.
Le parcours, entre les places de la République et de la Nation via le cimetière du Père Lachaise, est "parfaitement sécurisé", fait valoir Youssef Boussoumah, dirigeant du Parti des Indigènes de la République, organisateur avec d'autres de cette manifestation et de celle de samedi dernier.
Ce parcours avait été discuté avec la police et ne passe pas à proximité de synagogues, a-t-il précisé à Reuters
Une réunion du service d'ordre était prévue vendredi, souligne Youssef Boussoumah, pour qui l'interdiction est avant tout "politique" et constitue un "déni de démocratie": "Nous avons affaire à un Etat qui a peur de sa jeunesse."
Si l'interdiction est maintenue, les organisations à l'initiative du rassemblement n'auront "pas les moyens de contrôler les milliers de personnes qui vont venir", avertit le responsable du Parti des Indigènes de la République.
"ÉPREUVE DE FORCE"
Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA, trotskyste) a pour sa part estimé dans un communiqué que François Hollande et son Premier ministre, Manuel Valls, avaient franchi "un nouveau seuil dans l'épreuve de force qu'ils ont engagée contre le mouvement de solidarité avec les Palestiniens".
Cette interdiction démontre selon lui une volonté du gouvernement français de "museler toute opposition à son soutien à la guerre menée par l'Etat d'Israël" à Gaza.
Des milliers de personnes ont bravé l'interdiction de la manifestation de samedi dernier au cri de "Israël assassin, Hollande complice". Des heurts et des affrontements avec les forces de l'ordre ont alors éclaté dans le quartier de Barbès.
Le lendemain, une autre manifestation pro-palestinienne interdite a également été marquée par des violences et des dégradations à Sarcelles, dans le Val-d'Oise.
Le gouvernement a dénoncé des propos et actes antisémites "inacceptables", justifiant ainsi a posteriori sa décision d'interdire ces deux rassemblements alors qu'une soixantaine d'autres étaient autorisés dans le reste de la France.
Tout en se défendant de porter atteinte au droit de manifester, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve ont déclaré mercredi que la décision d'autoriser ou non des manifestations pro-palestiniennes serait prise "au cas par cas".
Après deux semaines et demie d'offensive israélienne dans la bande de Gaza, en riposte à des tirs de roquettes, le bilan s'élevait vendredi à près de 820 morts du côté palestinien, dont de nombreux civils, et 33 parmi les soldats israéliens.
(Edité par Sophie Louet)