Dominique Strauss-Kahn, qui a démissionné de son poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI), laisse derrière lui des succès importants dans la modernisation de l'institution, mais aussi des chantiers inachevés dus à son départ prématuré.
LES SUCCÈS
. La réforme des droits de vote
Il avait fallu six mois à M. Strauss-Kahn pour faire s'accorder les Etats membres sur un léger rééquilibrage des droits de vote au profit des économies émergentes. Le résultat avait été mitigé. Qu'à cela ne tienne: en novembre 2010 le FMI parvenait à un accord sur une nouvelle répartition conforme à la nouvelle donne de l'économie mondiale.
. Le redressement des finances
Les comptes du FMI étaient en si mauvais état en 2007 qu'il lui fallait vendre une partie de son or et se séparer de cadres. L'organisation n'a jamais été aussi riche qu'aujourd'hui, les Etats membres décidant d'abord en avril 2009 de lui prêter pour tripler ses ressources, puis en novembre 2010 de doubler leur contribution permanente au capital (quotes-parts).
. Les prêts à taux zéro pour les pays pauvres
C'est sous M. Strauss-Kahn que, pour la première fois de son histoire, en juillet 2009, le FMI a décidé d'annuler les intérêts des pays les plus défavorisés pour une période de deux ans et demi qui pourrait être prolongée.
. La modernisation des instruments de prêt et de surveillance
Face à la crise économique mondiale, le FMI cherchait des moyens de protéger des pays qui n'étaient pas forcément dans une situation désespérée. Il inventait en 2009 une ligne de crédit dite "modulable" pour les pays bien gérés. Incapable de voir arriver la crise financière qui couvait aux Etats-Unis avant 2008, il doit cet été lancer des rapports sur les répercussions transfrontalières de la politique des grandes économies (Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Japon et zone euro).
LES CHANTIERS INACHEVÉS
. La réforme du système monétaire international
Peu d'Etats membres sont satisfaits du fonctionnement de ce système, et M. Strauss-Kahn voulait placer le FMI à la pointe de sa réforme. Il part en ayant juste esquissé des pistes, et souvent répété que le statut du dollar devrait rester le même pendant longtemps.
. La restauration de l'image du FMI dans les pays en difficulté
M. Strauss-Kahn s'est souvent réjoui que le FMI soit mieux considéré dans les pays où l'institution avait laissé un souvenir désastreux, comme en Corée du Sud ou en Indonésie, ou était vu comme un instrument de la domination des pays du Nord, comme au Brésil ou en Afrique. Pour autant, dans des pays où il a dû intervenir et a imposé des programmes de rigueur draconiens, le Fonds reste impopulaire, notamment en Europe (Grèce, Irlande, Roumanie).
. Le changement de vision du monde de l'institution
M. Strauss-Kahn, venu du monde politique, a prononcé des discours sur les inégalités ou les dégâts de la mondialisation financière qui ont marqué les esprits. Cependant, leur traduction en actes est loin d'avoir satisfait les altermondialistes. Malgré l'abandon de certains dogmes, les politiques économiques que conseille le FMI restent largement conformes aux intérêts des grands Etats membres occidentaux, Etats-Unis en tête.