Le gouvernement dévoile lundi le nombre d'inscrits à Pôle emploi à fin novembre, au terme d'une année qui a vu enfin s'inverser la courbe du chômage, mais trop timidement, comme l'a reconnu François Hollande en annonçant qu'il renonçait à briguer un second mandat.
La tendance positive observée ces derniers mois va-t-elle se confirmer? Fin octobre, Pôle emploi recensait en France métropolitaine 3,48 millions de personnes sans aucune activité, soit 11.700 chômeurs de moins sur un mois (-0,3%). Une légère baisse intervenue après un repli spectaculaire en septembre (-66.300 chômeurs).
Si un troisième mois de baisse consécutive intervenait en novembre, ce serait une première depuis la crise de 2008. Mais ces statistiques mensuelles, soumises à des aléas administratifs, ont beaucoup joué au yo-yo ces derniers temps.
Lundi, au moment de la publication des chiffres, François Hollande a prévu de visiter une entreprise en région parisienne, avec la ministre du Travail Myriam El Khomri.
Depuis début 2016, plus de 100.000 chômeurs ont quitté les rangs de Pôle emploi. Et l'Insee, l'autre thermomètre du chômage, a vu son taux baisser de 0,4 point à 9,7% en métropole: l'inversion de la courbe, dont François Hollande avait fait une condition d'une nouvelle candidature en 2017, s'est donc bien concrétisée. Mais trois ans après sa promesse, et timidement.
"Les résultats arrivent, plus tard que je ne les avais annoncés, j'en conviens, mais ils sont là (...). Le chômage enfin diminue mais il reste à un niveau trop élevé et je mesure ce que cette situation peut avoir d'insupportable pour nos concitoyens qui vivent dans la précarité", déclarait le chef de l'Etat le 1er décembre, lors de l'annonce de son renoncement.
La lutte contre le chômage "restera évidemment la priorité du gouvernement", a affirmé le nouveau Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui a dit vouloir "amplifier" la baisse.
Le reflux touche principalement les jeunes: sur un an, 43.200 demandeurs d'emploi sans activité de moins de 25 ans ont quitté les listes de Pôle emploi (-8,2%). Le nombre des chômeurs de longue durée s'est aussi replié (-0,9% sur un an), mais le chômage augmente chez les seniors (+1,6%).
- Légère décrue d'ici mi-2017 -
Les catégories B et C de Pôle emploi, qui recensent les demandeurs d'emploi exerçant une petite activité, ont en revanche progressé sur un an (respectivement +2,5% et +9%), faisant ressortir, comme le soulignent les syndicats, une "hausse de la précarité". En comptant ces demandeurs d'emploi - dont plus de 450.000 travaillent à temps plein mais cherchent un autre travail - le nombre d'inscrits s'élève à 5,46 millions.
Certains syndicats et l'opposition accusent en outre le gouvernement de tenter de faire baisser artificiellement les chiffres avec le plan 500.000 formations supplémentaires pour les chômeurs: en entrant en formation, ils sortent des catégories A, B et C pour rejoindre la D, moins scrutée.
La catégorie D, qui compte les chômeurs en formation (324.000), est néanmoins stable depuis trois mois, fait valoir le ministère du Travail, les entrées en formation s'équilibrant avec les sorties.
Selon les dernières prévisions de l'Insee, l'amélioration va se poursuivre, mais légèrement: le chômage devrait reculer à 9,6% en métropole (9,9% en France entière) à la fin 2016, et cette décrue se poursuivrait jusqu'à la mi-2017 pour atteindre 9,5% de la population active en métropole, des perspectives dont s'est félicitée la ministre du Travail, Myriam El Khomri.
Cette légère embellie serait liée à une poursuite des créations nettes d'emplois jusqu'à mi-2017, qui suffiraient à absorber la hausse de la population active. Au troisième trimestre 2016, l'économie française a crée 51.200 nouveaux postes, enregistrant un sixième trimestre consécutif de créations d'emplois: du jamais vu depuis depuis 2008.
D'après ces prévisions, le taux de chômage ne retrouverait pourtant pas, d'ici à la fin du quinquennat Hollande en mai 2017, son niveau du début de mandat (9,3% en métropole). Depuis le début de ce quinquennat, 556.000 chômeurs sont venus grossir les rangs de Pôle emploi.