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Déficit: Bruxelles ne croit pas aux objectifs de la France

Publié le 04/11/2014 20:25
Déficit: Bruxelles ne croit pas aux objectifs de la France

Bruxelles ne croit pas que la France tiendra ses objectifs budgétaires l'an prochain, et estime même que la situation va s'aggraver en 2016, éloignant le scénario d'un retour sous 3% l'année suivante comme le promet Paris.

A politique inchangée, la France présentera en 2016 le déficit le plus élevé de toute la zone euro, selon les prévisions de la Commission européenne mardi.

L'exécutif européen prévoit 4,4% en 2014, 4,5% en 2015 et 4,7% en 2016, alors que le gouvernement français promet 4,3% l'an prochain et un retour à l'objectif de 3% en 2017, année électorale.

"Vous n'entendrez pas de ma part la moindre critique sur l'enjeu du sérieux budgétaire, nous y faisons face", a réagi le président français François Hollande, au dernier jour de sa visite au Canada. Tout en adressant un message de sérieux et de conciliation, il a plaidé pour un maximum de flexibilité dans l'application des règles budgétaires, une ligne qu'il défend aux côtés de l'Italie.

Dans un contexte de moindre croissance en Europe, "la politique budgétaire doit être assouplie par rapport à cet objectif de croissance tout en faisant le choix nécessaire en matière de discipline, de sérieux budgétaire", a lancé M. Hollande.

Paris compte également sur le plan d'investissement de 300 milliards d'euros promis par Jean-Claude Juncker, le nouveau patron de la Commission européenne, pour relancer la croissance.

"Nous devons travailler avec nos partenaires européens et la nouvelle Commission pour répondre ensemble à une question cruciale: comment retrouver, le plus rapidement possible, plus de croissance et plus d’emploi ?", a souligné de son côté le ministre des Finances, Michel Sapin.

Les mauvais chiffres de la France "sont largement dus à une croissance toujours modeste et certaines mesures comme une nouvelle hausse du coût du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE, dispositif de baisse du coût du travail) et des réductions d'impôt pour les ménages à faible revenu", détaille la Commission dans son rapport sur la France.

La prévision n'inclut pas toutefois des mesures d'ajustement de 3,6 milliards d'euros annoncées récemment par Paris pour 2015. En outre, l'exécutif européen n'a intégré que 19 des 21 milliards d'euros d'économies promises par la France pour l'an prochain.

Paris et Bruxelles divergent aussi sur leurs prévisions de croissance. Là où la France espère 1% en 2015 puis 1,7% en 2016, la Commission table sur 0,7% puis 1,5%. En mai, Bruxelles prévoyait encore une croissance de 1,5% en 2015.

- Tableau très noir -

Toutes ces mauvaises nouvelles conjuguées vont contribuer à alourdir la dette publique, qui doit passer de 95,5% du PIB cette année à 98,1% en 2015 et frôler les 100% (99,8%) en 2016.

Sur le front du chômage, l'horizon n'est guère plus dégagé: il devrait stagner à 10,4% cette année et en 2015, avant un léger reflux en 2016, à 10,2%.

La tableau est donc très noir pour la France, une semaine après avoir échappé à une demande de la Commission de révision de son projet de budget 2015, comme elle en a le pouvoir.

Le dossier n'est pas pour autant refermé: Bruxelles n'a pas exclu de demander des "mesures supplémentaires" de réduction du déficit à certains pays, menaçant même d'imposer des amendes en cas de non-respect des règles. Elle procèdera mercredi prochain à un examen détaillé des projets de budgets de tous les Etats de la zone euro.

En attendant, Pierre Moscovici, le nouveau commissaire aux Affaires économiques, a refusé de s'exprimer sur le sujet mardi. "C'est le moment des prévisions, il y aura d'autres phases où la Commission aura à donner des avis sur les budgets des différents pays", a-t-il dit.

Après la présentation des prévisions de la Commission, l'évaluation des budgets sera un nouveau test pour celui qui était encore il y a quelques mois ministre des Finances.

Avant d'entrer en fonction, M. Moscovici avait été malmené au Parlement européen, où malgré ses assurances répétées, la droite n'avait pas cru à sa capacité à faire respecter les "règles" et à juger avec neutralité la situation de la France, abonnée aux dérapages budgétaires.

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