La livre sterling était sous pression vendredi en réaction à la perte par les conservateurs britanniques de la majorité absolue au Parlement, mais les places financières asiatiques faisaient pour leur part montre de sérénité.
Peu après l'annonce des projections jeudi à 21H00 GMT, la livre est tombée à 1,2709 dollar, son plus bas niveau depuis avril, contre 1,2950 quelques minutes auparavant, soit un recul de près de 2%.
Idem face à l'euro qui montait à 88,24 pence, contre 86,60 pence.
La monnaie britannique est restée ensuite sous pression, plongeant même vers 06H00 GMT à 1,2686 dollar après la publication des résultats quasi-définitifs, tandis que l'euro évoluait en hausse autour de 88,31 pence.
Du côté des Bourses, l'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo s'offrait cependant le luxe d'un gain de 0,52% à la clôture. Ailleurs en Asie-Pacifique, Séoul et Sydney évoluaient aussi dans le vert, tandis que Hong Kong s'inscrivait en petit repli.
Mais le ton sera surtout donné par les places européennes qui s'apprêtent à ouvrir, à 07H00 GMT.
La Première ministre Theresa May, qui avait convoqué ce scrutin anticipé dans le seul but de renforcer sa majorité existante, a été prise à son propre piège. Si les conservateurs restent certes en tête du scrutin, ils ont perdu une douzaine de sièges, et l'opposition travailliste en a gagné une petite trentaine, une issue qui plonge le pays dans l'incertitude peu avant l'ouverture des négociations du Brexit.
"Il y a un mois à peine", la victoire des conservateurs s'annonçait "écrasante", a rappelé dans une note Craig Erlam, chez Oanda. "La réalité est que leur campagne s'est avérée désastreuse", et que le chef de l'opposition travailliste, le très à gauche Jeremy Corbyn, est désormais "couvert d'éloges pour avoir effectué un come back remarquable". Il a aussitôt appelé Mme May à la démission.
- 'Réaction trumpienne' -
"Si les travaillistes se réjouissent, les marchés ne sont pas d'humeur aussi joyeuse. Cependant la réponse a été plutôt modérée", a résumé l'analyste, alors que pourtant un Parlement indécis était présenté comme "le pire des scénarios". "Il n'y a clairement pas de panique" mais la donne pourrait changer "si les discussions pour former une coalition échouaient et de nouvelles élections se profilaient".
Depuis le vote le 23 juin 2016 en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, la devise nationale a déjà été mise à rude épreuve: elle a perdu quelque 15% de sa valeur face au dollar, plongeant à des niveaux inédits depuis 1985.
Mais d'autres économistes prédisaient un rebond de la livre à terme, dans l'espoir d'une ligne moins dure que celle prônée jusqu'à présent par Theresa May.
"Le revers de Mme May pourrait conduire à un Brexit plus souple, ce qui n'est pas une mauvaise chose pour l'économie britannique à long terme", a ainsi estimé M. Uchida.
"La réaction des marchés pourrait être trumpienne", a renchéri auprès de l'agence Bloomberg Peter Chatwell, responsable de la stratégie des changes à Mizuho International à Londres. A l'image d'investisseurs qui ont salué l'accession du milliardaire à la Maison Blanche après l'avoir tant redoutée, ils pourraient là aussi tourner casaque.